Terrafemina : Dans « Un sentiment plus fort que la peur », on retrouve Andrew Stilman, le héros de « Si c’était à refaire ». C’est parfois difficile de laisser certains personnages ?
Marc Levy : Je sais que ça peut paraître totalement schizophrénique et idiot mais les personnages de roman deviennent de vrais amis. Il y a quelques mois, un de mes trois meilleurs potes est venu me voir à New York et on marchait dans les rues. Je m’arrête devant une maison et je lui montre une fenêtre au troisième étage et je lui dis « tu vois c’est là qu’habite Julia » (qui est un personnage d’un de mes romans). Ma femme l’a regardé avec un air complètement consterné mais moi je ne peux pas m’en empêcher. Ce sont des personnages qui rentrent dans votre vie. Je ne pourrais pas imaginer un marionnettiste qui le soir remette la marionnette dans sa boîte et qui lui dise pas bonsoir. Ou alors c’est qu’il ne l’aime pas, sa marionnette. Donc oui, la tentation de renouer avec un personnage existe et là, le personnage le permettait.
M. L. : D’abord l’article sur la jeune femme qui s’appelle Noxolo, c’est un article que j’ai écrit dans Courrier International. C’est une histoire vraie. Alors que j’étais en train d’écrire cet article sur ce drame qui s’est déroulé en Afrique du Sud il y a quatre ans, j’ai réellement entendu un discours, non pas tenu par un député républicain mais par un de nos députés français (François Lebel, maire UMP du VIIIe arrondissement de Paris, ndlr.). Et quand j’ai entendu cet homme proférer de tels propos ça m’a tellement choqué, tellement scandalisé. Son ignorance, sa bêtise, son populisme… Je pense exactement ce que pense Andrew Stilman : son propos populiste relève de l’incitation à la haine et je trouve que de la même façon qu’un conducteur automobile perd son permis s’il enfreint les règles de vitesse ; je pense qu’un homme politique qui commet le crime, car c’est un crime, de tenir des propos incitatifs à la haine, devrait être immédiatement démis de ses fonctions. Et comme l’impunité de, appelons un chat un chat, cet abruti, m’a profondément choqué, j’ai eu bêtement envie de me venger en immortalisant sa connerie dans mon roman.
C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur et en même temps, je vous le dis très franchement, je ne me reconnais absolument pas dans les mouvements politiques écologiques que je trouve être totalement à côté de la plaque. Mais le souci de l’avenir de notre planète et de la responsabilité des grands groupes énergétiques sur l’avenir de la planète est pour moi extrêmement important. Quand je vois la catastrophe qui s’est produite dans le Golfe du Mexique pour une question de cupidité et de négligence de la part d’une poignée d’individus qui ne pensait qu’au fric, je pense que c’est un crime contre l’humanité. Et c’est vrai que le sort de l’Arctique me préoccupe énormément. S’il n’y avait pas les lobbies du pétrole, ça ferait 20 ans qu’on roulerait à l’électricité mais ils ont tout fait pour nous en empêcher. Je pense qu’il y a une responsabilité collective, de la part des populations…
Ce qui se passe en ce moment aux États-Unis est très intéressant, parce que pour des raisons que je raconte dans le bouquin, le gouvernement américain a toujours été d’un laxisme volontaire par rapport aux problèmes de réchauffement climatique et puis ça fait deux fois que la côte Est des États-Unis est frappée par un ouragan et le dernier a fait des dégâts considérables. Et tout à coup, vous avez un phénomène politique que j’ai trouvé très frappant, c’est qu’un maire comme le maire de New York qui est Michael Bloomberg, qui est un républicain, donc qui appartient au clan de ceux qui disent « arrêtez de vous faire chier avec le réchauffement climatique » et il vit Sandy et au lendemain de Sandy, il apporte son soutien électoral à Barack Obama avec comme argument : « j’ai changé de camp parce qu’on peut plus rigoler ». Déjà c’est un courage politique formidable.
Il y a eu tellement de catastrophes climatiques aux États-Unis qu’une conscience énergétique est née chez les Américains, d’un seul coup en deux ans, je trouve ça vachement important. Donc j’avais envie d’en parler dans ce roman et de cette façon-là.
Hercule Poirot.
Il y en a plein… J’aurais aimé être Marie Curie mais bon elle est morte dans des conditions atroces… Je crois que j’aurais beaucoup aimé être la Reine d’Angleterre… et en même temps j’aurais adoré être Jane Fonda, juste pour me regarder nue dans la glace.
On a lu "Un sentiment plus fort que la peur", le Marc Levy cuvée 2013
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