Juste avant le vote solennel, un opposant au projet de loi Taubira présent dans la tribune ouverte au public a perturbé la séance mardi après-midi, en tentant de dérouler une banderole. « Que l'on me sorte cet individu ! Pas de place pour les ennemis de la démocratie dans cet Hémicycle ! », s'écrie alors Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale.
Quelques minutes plus tard, c’est Henri Guaino et Luc Chatel qui créent le buzz en se trompant de bouton au moment du vote, ce qui ne manque pas de soulever les moqueries sur les réseaux sociaux, qui s’emparent joyeusement de cette bourde. Un cafouillage reconnu par Henri Guaino, qui, contacté par Le Lab d’Europe 1, s’explique : « Vous avez vu le bordel qu’il y avait ? J’ai jamais vu un tel bordel à l’Assemblée ! Il y avait trois boutons qui clignotaient, oui, je me suis trompé de bouton ! Je suis allé voir les services de l’Assemblée pour corriger mon vote ».
Les débats autour du projet de loi sur le mariage et l’adoption pour tous ce sont 8 866 amendements, si l’on cumule ceux déposés en première et deuxième lecture à l’Assemblée nationale et ceux déposés au Sénat ; 185 heures de débat au Parlement ; et pour le vote final, 331 voix pour, 225 contre et 10 abstentions. Selon une infographie du Monde.fr, le terme GPA (gestation pour autrui) aura été prononcé 1 017 fois et le terme PMA (procréation médicalement assistée) 1 028 fois, alors qu’aucun de ces deux concepts ne figurent dans le texte de loi présenté par le gouvernement.
Ils étaient 3 500 selon la police à s’être donné rendez-vous pour manifester suite au vote de la loi à l’Assemblée. Si les premiers temps se déroulent sans incident, alors que la foule se disperse vers 22h45 des centaines de manifestants restent présents, certains masqués ou encagoulés, qui ont selon une source policière, provoqué les CRS et gendarmes mobiles. S’en sont ensuivies plus de 45 minutes d’affrontements entre les forces de l’ordre et les fauteurs de troubles, scandant « CRS collabos » ou « Hollande démission » et jetant pétards, bouteilles, pavés et autres projectiles. Les CRS ont répondu avec force gaz lacrymogènes, avant que les échauffourées ne cessent vers minuit.
De l’autre côté de Paris, les pro-mariage pour tous ont célébré dans la liesse l’adoption de la loi dans le quartier du Marais, où des élus et membres du gouvernement se sont succédé sur une tribune, sous les applaudissements du public venu nombreux. « On a gagné ! », a déclaré Najat Vallaud-Belkacem, se réjouissant de voir que « les premiers mariages vont pouvoir avoir lieu ». « Soyons tous fiers du signal qu’on envoie », lance-t-elle, applaudie à tout rompre. Sur Twitter aussi, l’heure était à la fête et nombreuses étaient les personnalités publiques à se réjouir du vote de la loi.
Grande joie en ce jour de vote historique! #mariagepourtous
— Laurence Ferrari (@LaurenceFerrari) 23 avril 2013
Merci à tous ceux qui ont soutenu #mariagepourtouset tous ceux qui ont combattu durant tant d'années pour aboutir à ce 23 avril 2013
— Erwann Binet (@erwannbinet) 23 avril 2013
En tant que citoyenne, en tant que femme de gauche, je suis heureuse et fière de l'adoption de cette loi d'égalité #mariagepourtous
— Dominique Bertinotti (@DBertinotti) 23 avril 2013
J’ai hâte de marier toutes les Parisiennes et tous les Parisiens qui s’aiment #mariagepourtous
— Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 23 avril 2013
Ne baissant pas les bras, les élus de droite opposés au mariage pour tous n’ont pas perdu de temps suite à l’adoption du texte par le Parlement : certains députés UMP sont allés saisir le Conseil constitutionnel, dernier recours contre le mariage gay. Les Sages ont désormais trente jours pour rendre leur avis et se prononcer sur une censure éventuelle de la loi. Un délai que le gouvernement va mettre à profit pour préparer les décrets d'application qui modifieront le code civil et les circulaires, qui seront tous examinés par le Conseil d'État. Si le Conseil constitutionnel ne censure pas le texte, François Hollande pourra ensuite promulguer la loi. Il faudra compter ensuite encore dix jours pour la publication des bans, obligatoire pour l'organisation des mariages. Les premiers couples homosexuels pourraient alors se dire oui dès mi-juin.