Voilà une interview qui fait couler beaucoup d'encre. Sylvie Tellier, directrice de l'organisation Miss France, a répondu aux questions du Parisien dans un entretien mis en ligne le 27 octobre. L'occasion pour le journal de l'interroger sur la position du comité Miss France concernant la participation de jeunes femmes transgenres au concours.
Pour l'ex-miss, le règlement est clair et explicite : rien n'empêche une femme transgenre de tenter sa chance. "Il faut être une femme entre 18 et 25 ans pour concourir", précise Sylvie Tellier dans les colonnes du Parisien. Elle ajoute : "Demain, si une femme ou un garçon ayant changé de sexe et ayant donc un état civil féminin, se présente au concours Miss France, nous ne sommes pas la police, je ne vais pas lui faire passer de visite médicale. Si cela se trouve, c'est déjà arrivé, je n'en sais rien."
Une opportunité qui, sous le règne de Geneviève de Fontenay, n'aurait pas été possible. Le règlement précisait en effet à l'époque qu'il fallait être "née de sexe féminin" pour se présenter à l'élection. "C'était le vieux règlement de Geneviève de Fontenay. Dans le règlement actuel de l'émission, c'est être de sexe féminin. Cela m'a mis la puce à l'oreille. Mais je rappelle qu'on interdit la chirurgie esthétique", poursuit Sylvie Tellier.
S'il est donc possible pour une femme transgenre de concourir à Miss France, Sylvie Tellier reste en revanche dubitative quant à la réaction des Français : "Je ne pense pas que les Français soient prêts à élire une jeune femme transsexuelle. Mais si une jeune femme transsexuelle se présente à Miss France et que le public l'élit, on ne s'y opposera pas, évidemment, car nous suivons le choix du public."
Des propos qui n'ont pas manqué de faire réagir l'ancienne présidente du Comité Miss France, Geneviève de Fontenay, qui s'est fermement opposée à la candidature d'une femme trans au sein de la compétition Miss France. Interviewée ce lundi 28 octobre par Jean-Marc Morandini, elle affirme : "Je suis évidemment contre une Miss France transgenre, une identité sexuelle psychique qui ne correspond pas au sexe biologique de la naissance (...) Je défendrai l'image de Miss France, que j'ai préservée pendant plus d'un demi-siècle, jusque dans ma tombe."
Des mots sans nuance et à la limite de la transphobie qui agitent Twitter aujourd'hui autour du hashtag #MissTrans. L'occasion de rappeler qu'une femme transgenre est une femme avant tout, comme l'explique une internaute sur le réseau social : "On ne peut pas refuser à une femme le droit de devenir miss, les femmes trans sont des femmes."
Une miss transgenre, cela ne serait pourtant pas une première. En 2015 déjà, la jeune Céline Van Den Bossche concourait au titre de Miss Flandre-Occidentale, en Belgique. Trois ans plus tard, les Espagnols choisissaient la belle Angela Ponce comme la nouvelle Miss Espagne. La preuve, s'il en fallait, que le public est très loin d'être fermé à l'idée d'élire une femme transgenre comme reine de beauté.
Angela Ponce a d'ailleurs été la première candidate transgenre à concourir à Miss Univers, lors de l'élection 2018 qui s'est tenue le 17 décembre dernier à Bangkok, en Thaïlande. Si elle n'a pas remporté la compétition, sa présence a fait souffler un vent d'ouverture sur l'élection, pas franchement réputée pour son progressisme.
L'univers de la mode et de la beauté semble, lui aussi, s'ouvrir petit à petit à davantage d'inclusion. En août dernier par exemple, Chanel choisissait comme égérie de sa campagne beauté "Pick Me Up" la sublime Teddy Quinlivan, une top de 25 ans ouvertement transgenre.
"Ceci est une victoire qui vaut toute la souffrance que j'ai vécue", réagissait alors la mannequin sur son compte Instagram. Une victoire à laquelle il serait tout aussi émouvant d'assister lors d'un concours comme celui de Miss France.