Militant associatif et politique, Julien Bayou a participé à la création des collectifs Génération précaire et Jeudi noir qui dénoncent les conditions du statut de stagiaire et les effets de la crise du logement, via des actions médiatisées. Depuis 2009 il est engagé au sein du parti Europe Ecologie et dirige la communication d’Eva Joly, candidate à la présidentielle de 2012.
Julien Bayou : Internet facilite en effet des actions comme le don électronique, et accentue le bouche-à-oreille grâce aux réseaux sociaux notamment. Au sein de collectifs comme Jeudi noir ou Génération précaire, nous ne saurions plus faire sans Internet pour organiser des actions, même si ce que nous utilisons reste assez basique : listes de diffusion par mail, élaboration collective de documents –communiqués, suivi de projets, tribunes-. Je ne pense pas que le fait de donner la possibilité aux gens de s’investir sur Internet représente une nouvelle dimension du militantisme, mais c’est un complément nécessaire, face à une demande d’engagement en croissance actuellement. Pour ceux qui n’ont pas beaucoup de temps ou qui ne peuvent pas se rendre à des réunions le soir ou dans la journée, cela permet une mobilisation à distance et à la carte, et sans adhésion payante.
J. B. : Le profil est simplement celui d’une personne qui dispose d’un peu de temps et d’une connexion à Internet, il faut aussi maîtriser un minimum l’informatique, et cela exclut pas mal de monde. On est en effet loin de mesurer la part de la population qui se retrouve larguée quand il s’agit d’envoyer un mail ou de répondre à une offre d’emploi en ligne… Il n’est donc pas étonnant que ce soient les jeunes (72%) et les CSP + (62%) qui croient le plus au pouvoir mobilisateur d’Internet.
J. B. : En effet le ratio de personnes qui vont adhérer de facto à une cause sur Internet est minime, le taux de transformation en présence physique doit être de une personne sur cent, mais je ne vois là rien d’alarmant. On constate en effet des réponses émotionnelles à certaines situations ponctuelles, sans qu’il y ait pour autant une réelle mobilisation ensuite, mais je ne vois aucune raison de condamner cela, au contraire. Ces mouvements d’indignation sont des manifestations d’empathie face à des injustices constatées. Préférerait-on que les internautes ne réagissent pas et restent apathiques ? C’est aux organisations politiques, syndicales ou informelles de proposer un terrain pour continuer sur cette indignation.
J. B. : Oui je le pense. Je suis contre la dénonciation du tout et n’importe quoi sur Internet. Certains vont trop loin en effet et on trouve des idées extrémistes, mais ce sont des sites qui n’ont pas d’audience. Il existe des outils utiles pour faciliter la vie démocratique et « challenger » les politiques, comme les sites qui commentent l’assiduité des élus, ce n’est pas une question de flicage mais de mise à disposition des données et de connaissances du travail parlementaire. C’est aussi le lieu d’exercice privilégié des contre-pouvoirs -médias, syndicats-, qui s’avère particulièrement efficace face aux entreprises soucieuses de leur image.
Les résultats complets de l'Observatoire Orange-Terrafemina sur la mobilisation numérique
L’étude qualitative par l’Institut Treize articles WebLab
Mobilisation numérique : quand les foules virtuelles prennent le pouvoir
Mobilisation numérique : « une forme hybride de l'engagement »
Mobilisation numérique : « une nouvelle culture militante ? »
Voir tous les observatoire Orange-Terrafemina sur les révolutions numériques