Le Festival Off Avignon prendra place du 29 juin au 21 juillet 2024 dans la célèbre ville du sud-est de la France. Au menu, des spectacles ludiques, tragicomiques, polymorphes, aussi bien politiques qu'intimes, engagés et riches de sens. Ou quand les planches se font la scène de réflexions plus que jamais nécessaire sur nos sociétés contemporaines. Mais que privilégier parmi tous ces rendez vous ? Pas d'inquiétude : suivez le guide.
Mené par la comédienne Noémie Caillault, qui donne corps et voix à ce rôle sensible, "Maligne" est une pièce drôle, intime et percutante... sur le cancer du sein. La dérision permet d'aborder sous un angle très incarné et tragicomique cette maladie au sujet de laquelle on sensibilise beaucoup (mais jamais trop assez !), notamment à l'occasion d'Octobre rose. Et pour cause, puisque le cancer du sein est toujours le cancer féminin le plus fréquent dans le monde. Mais également, la première cause de décès par cancer chez la femme.
"Maligne" de Morgane Perez, du 29 juin au 21 juillet à la Scala Provence à 20h20, relâche les 1, 8, 15 juillet
Dépeint non sans humour comme "une épopée auto-immune", la pièce de théâtre Hépatik Girl donne le la au talent multifacettes de Marie-Claire Neveu, à la fois comédienne, autrice, humoriste et chanteuse, qui interprète ici une femme atteinte de maladies chroniques. Le ton singulier de l'oeuvre et sa dimension critique permettent de rappeler, à l'unisson des slogans féministes, que, oui, le corps est politique ! Et plus que jamais.
"Hépatik girl", de Marie-Claire Neveu et Tatiana Gousseff. A La Luna/Quartier Luna du 29 juin au 21 juillet à 19h30, relâche les 1, 8, 15 juillet
Mettre en scène l'horreur de la guerre en Ukraine sous la forme d'un spectacle accompagné de guitare électrique n'est pas la moindre des prouesses de cette création théâtrale relatant la correspondance tragique, à la fois intime et politique, de deux soeurs déchirées par le conflit. Des conversations épistolaires qui nous font voyager de Paris à Kyiv, et d'une émotion à l'autre, au fil des lignes noircies.
Cette histoire est naturellement vraie et ce "Journal de guerre" a été rédigé par les soeurs Olga Kurovska et Sasha Kurovska, échangeant lors de la première année de la guerre en Ukraine, dès le 24 février 2022. Sous la forme d'un livre, paru aux éditions Acte Sud, ce récit à deux voix et quatre plumes a déjà largement captivé le public hexagonal de par le sentiment d'urgence qui le traverse. C'est dire l'aura identique de sa transposition théâtrale.
"Journal de guerre d'Olga et Sasha" de Marcel Bozonnet, du 14 au 21 juillet à 14h40 à La Manufacture
"Ressources humaines" est le premier long-métrage du cinéaste Laurent Cantet, disparu l'an dernier. L'histoire d'un jeune homme atterrissant au service RH de l'entreprise de son père ouvrier, et qui va devoir choisir entre amour filial et avenir professionnel. Malgré ses 25 ans d'âge, ce film délivre un discours hélas toujours aussi actuel sur l'aliénation qu'engendre le travail, le mépris des luttes syndicales, la déshumanisation inhérente au système capitaliste, mais également la perte des idéaux prolétaires et la condition de transfuge de classe.
C'est un métrage immense qui a valu à un alors très jeune Jalil Lespert son plus grand rôle. C'est dire si sa transposition sur scène à Avignon est plus qu'attendue, tant le matériau d'origine est synonyme d'excellence. Bien des réflexions proposées par "Ressources humaines" font écho à celles de l'un des plus grands auteurs actuels, Edouard Louis, et cette pièce de théâtre promet de fait d'être intensément contemporaine.
"Ressources Humaines" d'Elise Noiraud, du 2 au 21 juillet à 18h50 au 11 Avignon, relâche les 8, 15 juillet
Derrière ce titre enrichi d'écriture inclusive - laissant volontiers bien des boomers en position latérale de sécurité - s'esquisse une pièce de théâtre dont l'engagement évoque les écrits virulents de Virginie Despentes. Punk is not dead, comme l'énonce l'adage... Ce que devrait largement démontrer cette création, nous racontant en mode biopic l'épopée à la toute fin des seventies du premier groupe de punk féminin anglais, The Slits. Mythique bande venue bousculer un Londres trop ronflant et patriarcal. Cela méritait bien une comédie musicale !
En émane une odyssée mélomane et irrévérencieuse, annonçant les trajectoires tout aussi électrisantes du mouvement culturel Riot Grrrl - qui dans les années 90 va réunir outre-atlantique bien des artistes féministes par le prisme de groupes de punk, de fanzines, d'oeuvres de fiction et de performances diverses.
"Punk.e.s" de Justine Heynemann, à la Scala Provence du 29 juin au 21 juillet à 20h55, relâche les 1, 8, 15 juillet
Est-il encore utile de réadapter "Roméo et Juliette", le classique du théâtre élisabéthain signé de la plume de William Shakespeare ? Le metteur en scène Alain Timár est persuadé que oui, et il a bien raison : sur les planches comme au cinéma (devant la caméra de Baz Lurhmann) cette histoire d'amour tragique et atemporelle a toujours démontré l'étendue de sa modernité et plus encore de son atemporalité.
Preuve en sera de nouveau faite avec cette transposition qui projette carrément cette bien connue romance... En 2100. Oui oui. Une vision futuriste façon dystopie à la Black Mirror (la série cultissime de Netflix) qui avec panache imagine le drame shakespearien à l'époque des découvertes scientifiques mégalos, des révolutions médicales pas toujours heureuses et de la fin des relations amoureuses "d'antan". Très audacieux.
"Roméo et Juliette" d'Alain Timár, du 29 juin au 21 juillet à 21h30, au Théâtre des Halles, relâche les 3, 10, 17 juillet
Connu pour ses prises de bec rhétoriques sur le plateau de CNews, puis pour ses chroniques aussi ciselées que percutantes dans l'émission "CLIQUE", pour ne citer que cela, Clément Viktorovitch, qui est également auteur et streameur sur la plateforme Twitch, se met en scène sur les planches à la Factory, et c'est inédit.
Dans "L'art de ne pas dire", la personnalité médiatique joue un rôle, celui de conseiller en communication. Une profession permettant à cet alias fictif de décortiquer auprès d'un public attentif l'art du discours, ses complexités et nuances, les manipulations langagières qu'il cristallise. Tout cela permet d'interroger non sans perplexité la situation de la démocratie au sein des sociétés occidentales. Un seul en scène d'autant plus nécessaire à l'heure où les prises de parole politiques tiennent davantage du zapping de punchlines qu'autre chose.
"L'art de ne pas dire - clément viktorovitch" de Ferdinand Barbert, du 29 juin au 21 juillet à La Factory (19h05), relâche les 2, 9, 16 juillet