"Je voulais pas faire de mal, ma vie a été anéantie"
Le procès des viols de Mazan touche à sa fin. Dominique Pelicot encoure 20 ans de prison. Ce père de famille "comme les autres" est accusé d'avoir drogué sa femme, Gisèle Pelicot, pendant une décennie, afin de la violer et de la faire violer par d'autres hommes : une cinquantaine, à son domicile, à Mazan.
3 mois et demi d’audiences plus tard, les 51 accusés, âgés de 26 à 74 ans, de professions, d'origines, et de milieux sociaux divers, se sont exprimés, et leurs avocats, par le biais de plaidoiries où les arguments pour le moins "controversés" ne manquaient pas. "Mon client a le QI d'un vibromasseur", "C'est un jeu sexuel", "Sur cette vidéo, Gisèle Pélicot a un mouvement de bassin quand on lui touche le sein"... On vous détaille ces défenses volontiers lunaires ici.
Au palais de justice d'Avignon, alors que le verdict à l'encontre du retraité de 71 ans attend d'être prononcé (il le sera ce 19 décembre), d'autres paroles encore scandalisent. Comme celle de cet accusé, un parmi tant d'autres. Il est jardinier. Et, comme beaucoup, il se dit tout simplement "manipulé" par Dominique Pelicot.
Et va plus loin, quitte à atterrer : "Dominique Pelicot est un être maléfique, c'est le Diable...".
Que raconte encore ce jardinier ?
Ceci, quitte à choquer : "Mon âme est pure. Dominique Pelicot est un démon. Je n'avais aucune intention de lui faire de mal à cette pauvre dame ! Jamais je n'aurais imaginé qu'un homme puisse droguer sa femme quoi...". Et de poursuivre : "Franchement j'ai assez payé pour ce que j'ai fait : ma vie est anéantie"
D'un accusé à l'autre, des mots qui font écho, une inversion de la culpabilité, un "je ne savais pas". "Je ne savais pas que c'était interdit par la loi, ou puni, au moment des faits", "Je me suis dit, elle va se réveiller", "Elle pouvait me dire non", "Je suis vraiment désolé madame Pelicot, mais votre mari m'a trompé madame Pelicot, j'ai été manipulé", a-t-on déjà entendu au tribunal.
C'est ce que l'on vous explique d'ailleurs dans cet article, prises de parole à l'appui.
"Elle aurait pu refuser", "Je suis un instrument trompé par cet époux : pour moi, il n'y a pas eu viol", "On ne peut pas savoir si elle va se réveiller ou non : moi aussi, j'ai déjà pris des somnifères..."
Voilà un florilège d'autres défenses énoncées par les accusés.
Pour rappel : 26 des accusés du procès des viols de Mazan risquent 10 à 12 ans de prison selon les premières réquisitions émises, quinze 13 à 15 ans de réclusion criminelle, 8, 16 à 18 ans. Leurs paroles parfois, se font l'aveu d'un réel sentiment de culpabilité.
Comme cette déclaration relatée par Quotidien, et à découvrir en intégralité ici, d'un des accusés : "Je ne peux en vouloir qu'à moi-même, car j'ai détruit ma famille. C'est impardonnable ce que j'ai fait. C'est ce que m'a dit mon ex femme d'ailleurs : c'est impardonnable"
"Je suis honnête avec moi-même. Je ne peux pas dire : je m'en bats les couilles. Je n'y arrive pas. Dans la salle d'audience, je regarde tout...Je ne suis pas impassible du tout face à ma peine requise, qui est de 12 ans. C'est pas vrai madame. Je suis fatigué. j'ai mal au coeur"
Dominique Pelicot, également, s'est exprimé. Son discours est à retrouver ici.
"Je voudrais commencer par saluer le courage de mon ex-femme", a déclaré ce dernier, avant de poursuivre : "Je la prie, et le reste de ma famille, de bien vouloir accepter mes excuses..."
"Je regrette ce que j’ai fait, d'avoir fait souffrir ma famille. Je leur demande pardon"
Dominique Pelicot a eu un mot pour son ex-épouse et leurs enfants, mais ses excuses ont pu paraître "invraisemblables" aux yeux de beaucoup. A cependant été relevé le fait qu'il dénonçait vivement les accusations de complicité émises l'encontre de celle-ci - une accusation soulevée par cette avocate.
Verdict ce 19 décembre.