






"Toutes les scènes de nu et de sexe étaient story boardées !"
L'espace d'une longue interview au magazine Harper's Bazaar, dont elle occupe la dernière Une, une icône de la chanson et du cinéma français se dévoile comme rarement : Charlotte Gainsbourg. Et revient notamment sur une facette importante de sa filmographie : sa collaboration avec le très controversé et non moins brillant Lars von Trier.
Cinéaste danois à qui l'on doit évidemment Dancer in the dark - où excelle Bjork - mais aussi un quatuor de films où le metteur en scène, passionné de tragédies humaines, d'ironie noire, et de polémique, filme comme personne Charlotte Gainsbourg : Antichrist, Nymphomaniac (en deux volumes), Melancholia... Trois de ces oeuvres comportent des scènes de nudité et de sexe très explicites. La plupart ont donc exigé des doublures et des prothèses pour les stars employées. Mais Charlotte Gainsbourg a quand même dû se mettre à nu.
Ce qui a impliqué de faire des choix. De comprendre ses limites concernant ces séquences très crues. Et de les détailler auprès du réalisateur, peu connu pour son respect des bienséances. Et cela, elle en parle sans filtre auprès du magazine....
A Harper's Bazaar, c'est un témoignage plutôt... Insolite, que délivre Charlotte Gainsbourg.
Dans ces films qui sont comme des fresques tragicomiques, et ouvertement provocs, sur la condition humaine, et la condition féminine, explorant ouvertement le sujet du patriarcat, du rapport au corps, au couple et au plaisir, avec un sens de la contradiction si propre à son auteur, Lars Von Trier multiplie les scènes de sexe et de nudité frontale. Et Charlotte Gainsbourg en était très tôt consciente. Bien qu'heureuse d'avoir été "choisie" par le réalisateur, elle n'a donc pas hésité à exprimer ses volontés très concrètes de comédienne.
Alors, explique-t-elle, elle s'est entretenue très tôt avec le Danois, de manière très détaillée même : "Il a voulu que je signe noir sur blanc telle ou telle scène de nudité. J'ai accepté sans aucun problème. J'ai juste refusé de montrer mes seins... Lars a accepté... A condition que je montre mes fesses"
On imagine d'ici une "négociation" des plus singulières.
"Mais il n'y a aucune prise de risque à mon sens quand on travaille avec un réalisateur de talent", tient-elle cependant à faire savoir dans les pages glacées du magazine. "Les scènes de nudité, d'actes sexuels, ça relevait du challenge au départ... Montrer mes fesses, je m'en foutais ! Et j'avais conscience en amont de ce qu'on allait voir de moi à l'écran"
A l'image des personnages féminins majoritaires dans le cinéma de Lars Von Trier, oeuvres scandaleuses, cruelles, misanthropes au possible, mais qui donnent avant tout le la à ses actrices (Emily Watson, Nicole Kidman, Kirsten Dunst), Charlotte Gainsbourg n'a donc pas hésité à se donner corps et âme pour "la beauté du geste", et l'intensité des films concernés. Malgré la nature profondément sulfureuse et dérangeante de ce que "LVT" a mis en images, la chanteuse et actrice a fait de lui son cinéaste de coeur il y a plus d'une décennie de cela : l'auteur auprès duquel elle a le plus de fois collaboré.
Et ce au sein de récits denses et viscéraux où, il est vrai, la sexualité n'est pas l'aspect le plus choquant des expériences proposées - c'est comme toujours la violence psychologique qui bouscule le plus le public. Violence qui a d'ailleurs bien remué l'actrice, se souvenant de "scènes de douleur vraiment terribles à tourner", forcément éprouvantes même lorsque les drames mis en scène relèvent de la pure fiction. La comédienne cependant est loin d'en vouloir au cinéaste, concluant : "tomber entre les mains de Lars Von Trier, ça a été un cadeau !".