Les résultats ont fait la Une. Les plus grandes villes de France sont désormais, à moitié, aux mains de mairesses de gauche (par ailleurs, plus les municipalités tendent à droite, moins les femmes sont aux manettes). Anne Hidalgo à Paris, Michèle Rubirola à Marseille, Martine Aubry à Lille, Jeanne Barseghian à Strasbourg et Johanna Rolland à Nantes. D'autres municipalités aussi ont élu une dirigeante féminine. 17,8 % des 3100 communes de France, exactement, ce qui équivaut à 9,2 millions d'habitant·e·s maintenant dirigé·e·s par des femmes.
Parmi elles, Besançon, qui se félicite d'un résultat inédit (c'est la première fois qu'une mairesse siégera à l'hôtel de ville) incarné par l'écologiste Anne Vignot. Celle-ci a d'ailleurs déclaré que, pendant son mandat, "la politique ne se fera pas à travers la virilité".
D'après Le Parisien, lors des élections de 2014, seulement 17,19 % des têtes de listes dans les communes de plus de mille habitant·e·s étaient des femmes, contre 23,06 % aujourd'hui. Une petite victoire qui montre la progression lente, mais réelle, des politiciennes à des postes clés. Et plus les villes sont grandes, plus leur présence (et donc leur visibilité) s'accroît, note Mediapart.
Mais une autre représentation gagne (légèrement) du terrain : celle de certaines minorités. Des personnes racisées et de la communauté LGBT+. Plusieurs maire·sse·s ouvertement homosexuel·le·s ont été élu·e·s ou réélu·e·s dans des grandes villes. C'est le cas du socialiste Mathieu Klein, qui prend les commandes de Nancy, après une campagne qui mettait notamment en avant son "mari, médecin généraliste" et leurs "trois enfants". Ou encore David Valence (Parti radical), à Saint-Dié-des-Vosges, et le Républicain Gil Avérous, à Châteauroux.
A Tilloy-lez-Marchiennes, dans le Nord, la première mairesse transgenre a remporté le scrutin de la ville de 550 habitant·e·s. "Les gens ont voté pour moi, car il y avait une envie de changement. Le fait d'être transgenre n'a pas été une question importante", lançait Marie Cau sur le plateau d'A l'air libre, une émission pilotée par Mediapart. Elle y condamnait fermement les violences et crimes transphobes, dont les chiffres ont augmenté en 2019.
A Rennes cette fois-ci, l'écologiste métisse et queer Priscilla Zamord (co-tête de liste, elle a rejoint la majorité socialiste de Nathalie Appéré) explique au média s'être "posé la question" de ce qu'elle devait dire sur elle. "Et j'ai choisi d'assumer, car j'ai envie d'être moi-même en politique, sans cachotterie, et parce qu'il y a un enjeu de représentativité".
Pour ce qui est de la représentation, le nombre de maire·sse·s racisé·e·s a aussi quelque peu augmenté au sortir du deuxième tour. En Seine-Saint-Denis par exemple, où le communiste Abdel Sadi et le socialiste Karim Bouamrane ont respectivement remporté Bobigny et Saint-Ouen. A Bezons, Trappes ou Goussainville aussi, des maires non-blancs ont été élus.
Les résultats signent une avancée certaine, mais le changement reste péniblement lent. Et dans certains cas, teinté de violences. Comme à Toulouse, où le candidat écologiste ouvertement gay Antoine Maurice a été victime de détournements homophobes, rapporte La Dépêche du Midi.
Et puis, il y a la grande absente de ce scrutin : la classe populaire. Qu'il s'agisse de candidat·e·s ou de votant·e·s, la tranche sociale la plus défavorisée demeure quasi invisible dans ces élections. Dans les quartiers populaires, on compte jusqu'à 80 % d'abstention, déplore Clémentine Autain (Ensemble-Insoumis) dans une tribune publiée sur Libération lundi 6 juillet. La députée de Seine-Saint-Denis appelle à créer des alliances politiques dont le curseur permettra de mobiliser le monde populaire, et à ce que l'écologie devienne l'enjeu des luttes populaires. A ce jour, tou·te·s les élu·e·s EELV sont diplômé·e·s du supérieur. Reste donc à poursuivre l'effort dans toutes les strates de la société, pour toutes les classes de la société.