On a malheureusement pu le constater, ces derniers mois n'ont en rien engendré une baisse des violences faites aux femmes et aux minorités - c'est même le contraire. Un constat tragique appuyé par le dernier rapport annuel -et accablant - de l'association SOS Homophobie, qui nous l'affirme noir sur blanc : le nombre d'agressions physiques contre des personnes LGBT a encore augmenté. 237 agressions LGBTI-phobe ont ainsi pu être observées l'an dernier, soit six de plus qu'en 2018.
Le mois dernier, Marlène Schiappa tirait la sonnette d'alarme. "Beaucoup de jeunes LGBT vivent un enfer soit parce qu'ils sont confinés avec des parents homophobes qui ne savent pas que leur enfant est gay, bi ou lesbienne, soit parce qu'ils ont déjà fait leur coming out et vivent de véritables persécutions au sein de leur foyer". Mais ces violences systématiques sont évidemment loin de se limiter à cette période exceptionnelle.
Les chiffes le prouvent. 26%, c'est le taux d'augmentation des témoignages de victimes recueillis en 2019, avec pas moins de 2 396 récits d'agressions de personnes LGBTI dénombrées par SOS Homophobie. C'est énorme, et pour cause : c'est là le second plus gros total observé par l'association en sept ans de rapports minutieux.
1 870 victimes d'infractions à caractère homophobe ou transphobe ont également été recensées par les forces de police et de gendarmerie contre 1380 en 2018. Les rapports des forces de l'ordre à ce sujet révèlent également une augmentation de 36% du nombre de victimes d'actes anti-LGBT. Un bilan édifiant.
Oui, il y a bel et bien "une hausse des actes de haine anti-LGBT", déplore encore l'association SOS Homophobie. Et les actes de haine en question prennent de multiples formes. Les injures et les outrages constituent ainsi pas moins de 33% des infractions subies, et les violences (qu'elles soient physiques ou sexuelles), 28%.
Parmi ces agressions signalées, des insultes (47%) mais aussi des menaces (19%) et du harcèlement (18%). La majorité des victimes qui témoignent sont des hommes de la tranche 25-50 ans. Mais au sein des espaces publics, ce sont les couples de femmes lesbiennes qui sont le plus visés - et agressées - à raison de 58%. "L'espace public reste trop souvent le théâtre d'agressions envers les femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle ou identité de genre", souligne l'association.
"Ces chiffres sont alarmants et doivent interpeller. Ils révèlent une prise de parole courageuse de la part de personnes LGBTI victimes de violences et de discriminations, qu'il faut accompagner et soutenir. Ils sont surtout le reflet de l'ancrage et de la persistance des LGBTIphobies dans la société française", s'attristent Jérémy Falédam et Véronique Godet, les coprésident·e·s de SOS homophobie. Une LGBTI-phobie bien trop "ordinaire" donc.
Comment réagir face à tout cela ? Dès à présent, SOS Homophobie en appelle à une "vigilance accrue" des pouvoirs publics, à davantage d'actions ciblées, mais aussi à "une mobilisation plus forte de toute la société". Un travail collectif de sensibilisation donc, qui passe également par la mise en place de rapports et de feuilles de route, comme celle de la délégation interministérielle à la lutte le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), organisée en coopération avec l'ensemble des ministères et des associations militantes.
Une lutte qui se fait ensemble, des citoyens aux décisions gouvernementales, mais aussi au quotidien, comme l'avancent encore Jérémy Falédam et Véronique Godet : "Dans ce combat, nous avons besoin de l'énergie et de l'engagement de toutes et de tous. SOS homophobie reste déterminée et mobilisée pour défendre le droit de chacun·e à vivre librement et sereinement, quelle que soit son orientation sexuelle ou son identité de genre".