"Beaucoup de jeunes LGBT vivent actuellement un enfer, soit parce qu'ils sont confinés avec des parents homophobes qui ne savent pas que leur enfant est gay, bi ou lesbienne, soit parce qu'ils ont déjà fait leur coming out et vivent de véritables persécutions au sein de leur foyer". Dans les pages de Libération, Marlène Schiappa l'affirme : le confinement n'atténue en rien les violences intrafamiliales à l'encontre des personnes LGBTI.
Plus encore, cette situation constitue une menace supplémentaire pour celles et ceux qui, d'ordinaire déjà, sont bien souvent victimes de discriminations et d'agressions, physiques et verbales. Et c'est pour cela qu'alertée par les associations et les témoignages anonymes (abondants sur les réseaux sociaux) la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité femmes-hommes en appelle à un plan d'urgence afin d'aider tous ces jeunes mis en danger.
300.000 euros, c'est donc la somme que Marlène Schiappa déclare avoir libéré pour financer 6 000 "nuitées" en chambre d'hôtel à l'adresse des personnes LGBT. Celles-ci, rappelle le Huffington Post, peuvent également alerter en pharmacies ou contacter le 114, à l'instar des femmes victimes de violences conjugales.
Un bon début ?
Facteurs majeurs. Maltraitances. Mises en danger. Ils sont puissants, les mots mis en avant par cette récente synthèse du Défenseur des droits, basée sur des chiffres recueillis il y a cinq ans de cela - mais toujours aussi percutants. Voyez plutôt. Sur un panel de 15 127 femmes et 11 320 hommes interrogés, les femmes lesbiennes et bisexuelles s'avèrent être trois fois plus confrontées aux violences psychologiques (des insultes aux humiliations) que les femmes hétérosexuelles (de 23,2 à 24,5 % contre 6,6 %). Les hommes homosexuels et bisexuels le sont quant à eux deux à trois fois plus que les hommes hétérosexuels (de 8,8 % à 9,7 % contre 3,5 %).
Et à cela, il faut encore ajouter les autres formes de violences. Comme les agressions physiques bien sûr. Selon les chiffres relayés par le Défenseur des droits - en collaboration avec la chercheuse de l'Ined Christelle Hamel - les femmes lesbiennes et bisexuelles et les hommes gays et bisexuels sont bien plus souvent victimes de "brutalités" que les femmes et les hommes hétérosexuels. Parmi les sondées interrogées, 6 % de personnes hétérosexuelles déclarent l'être. Contre 19,4 % de femmes lesbiennes... Et 21,7 % (!) de femmes bisexuelles.
Chiffres tout aussi alarmants si l'on s'intéresse aux violences sexuelles. Ainsi, pas moins de 12,3 % de femmes bisexuelles déclarent en avoir été victimes - mais aussi 6 % de garçons homosexuels. Édifiant, et inquiétant.
Des données vertigineuses qui incitent à agir. D'autant plus, ajoute le Défenseur des Droits, quand l'on sait que ces violences ont été commises dans 70 % des cas "par l'un des parents, plus souvent le père que la mère". D'où l'importance de ce plan d'urgence national annoncé le 24 avril dernier, lequel inclut également le renforcement des permanences téléphoniques garanties par l'association SOS Homophobie. En parallèle, l'association LGBT des ministères de l'Intérieur et de la Justice de lutte contre les LGBT-phobies "FLAG!" a quant à elle lancé une application de signalement desdites violences, financée par le gouvernement à hauteur de 50 000 euros.
"Ensemble, rendons visibles ces violences", insiste FLAG!, qui incite les témoins et victimes à contacter le 17 ou le 112 en cas de danger immédiat. Et la situation est urgente. Car la Haute-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet a déjà tiré la sonnette d'alarme. Elle insiste pour que les États veillent à ce que les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les personnes transgenres et intersexes, "vulnérables et marginalisées dans de nombreuses sociétés", ne soient pas victimes de discriminations et de violences en cette période de pandémie.
"Dans les pays où les relations entre personnes du même sexe sont criminalisées ou les personnes transgenres ciblées, il y a un risque qu'elles ne se fassent pas soigner par crainte d'être arrêtées ou soumises à des violences. Nous savons que les efforts pour lutter contre la pandémie ne fonctionneront que si les droits de chacun à la vie et à la santé sont protégés", développe encore Michelle Bachelet. Une parole d'utilité publique.