#NeRienLaisserPasser. C'est le mot-clé (pour ne pas dire pour le mot d'ordre) que met en amont Christophe Castaner sur les réseaux sociaux. Pour ce faire et afin de ne pas rester passif pendant le confinement national, période qui accroît dangereusement les risques de violences conjugales, le ministre de l'Intérieur a décidé de privilégier une initiative gouvernementale : la possibilité pour les victimes de "se signaler" auprès de leur pharmacien·n·e de quartier, en utilisant un "code" si elles le souhaitent.
L'idée ? Trouver, pour les victimes, une personne intermédiaire susceptible d'alerter directement les forces de l'ordre. A écouter Christophe Castaner, "donner l'alerte" au sein de tels établissements serait une réponse efficace à cette menace, d'autant plus que les interventions des forces de l'ordre suite à des signalements auraient augmenté de 32% en zone de gendarmerie et de 36% à Paris depuis le début du confinement.
Mais ce projet d'urgence ne convainc pas encore tout le monde.
"La hausse des violences conjugales durant le confinement n'est pas un risque, c'est une évidence. On ne peut pas uniquement reproduire les mêmes dispositifs, il faut en créer des spécifiques face à cette crise. En période de crise, les réflexes ne seront pas toujours les bons", insistait il y peu Caroline de Haas, l'instigatrice du collectif féministe Nous Toutes. Et pour cause : alors que bien des femmes sont aujourd'hui confinées avec leurs agresseurs, des services d'aide comme le 3919, le numéro d'écoute permettant d'agir contre les violences, sont tout simplement débordés voire inaccessibles.
Alors, le recours aux pharmacies serait-il un "bon réflexe" ?
Pas sûr, à en écouter certaines voix. "C'est plutôt le moment de réquisitionner des hôtels pour y protéger les femmes et enfants victimes en cette période de confinement", propose une internaute. D'autre se demandent si les conjoints violents, qui bien souvent font montre d'une emprise physique mais également psychologique et économique incontestables, laisseront simplement leurs épouses se diriger en pharmacies. "Maigre palliatif que ce dispositif en pharmacie mais c'est déjà ça", modère un autre internaute.
Qu'à cela ne tienne, le ministre de l'Intérieur explique : "Avec la secrétaire d'Etat à l'égalité femmes-hommes Marlène Schiappa, nous allons avancer pour que [ce recours aux pharmacies] soit, partout sur le territoire national, l'un des moyens de protection", a-t-il encore avancé. Une protection qui reste encore à prouver, mais on avance.
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.