Société
Je suis victime de violences conjugales : que faire pendant le confinement ?
Publié le 17 mars 2020 à 13:10
Par Clément Arbrun | Journaliste
Passionné par les sujets de société et la culture, Clément Arbrun est journaliste pour le site Terrafemina depuis 2019.
En ces temps exceptionnels de confinement total, une grande question demeure : comment venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales ? Comment prévenir et agir contre ces violences ? Une problématique majeure.
Victimes de violences conjugales pendant le confinement Victimes de violences conjugales pendant le confinement© Adobe Stock
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"Les violences conjugales s'intensifient en période de confinement. Si vous avez besoin d'aide, il est encore possible de fuir", alerte sur Twitter la blogueuse Masha S'explique. Des paroles salutaires. Car malgré les grands élans de solidarité, la situation de confinement national que nous vivons depuis ce mardi 17 mars laisse les personnes les plus démunies dans l'ombre. Et parmi celles-ci, les femmes victimes de violences domestiques.

Car que peut-on faire au juste si l'on se voit obligée de "rester chez soi" (le mot d'ordre mondial, et à juste titre) en compagnie d'un conjoint violent ? Comment faire face aux formes d'abus aussi bien physiques que psychologiques ? Quelles initiatives le gouvernement prévoit-il, six mois tout juste après l'ouverture du Grenelle des violences conjugales, mis en place par Marlène Schiappa ?

"L'urgence amplifie les inégalités et les oppressions"

Et c'est justement la secrétaire d'Etat pour l'égalité femmes-hommes qui vient éclairer cette situation plus que délicate.

"La période de crise que nous connaissons et le confinement à domicile peuvent hélas générer un terreau propice aux violences conjugales", déplore-t-elle. Mais comment agir au juste si l'on est concernée ? En faisant confiance aux ressources gouvernementales toujours mises à disposition, répond-t-elle. Comme l'accueil au sein des centres d'hébergement d'urgence par exemple, qui devrait se perpétuer "dans le respect des mesures-barrières".

Chaque département devrait ainsi être contrôlé - et équipé - en ce sens. De même, est encore active la plateforme Arrêtons les violences, ainsi que le numéro d'urgence 3919.

"Le gouvernement français est pleinement mobilisé pour protéger et soutenir au mieux les femmes qui sont victimes de violences", assure encore Marlène Schiappa, qui recommande également aux victimes de "faire le 17" en cas d'urgence. Aux côtés de la Ministre de la justice et Garde des sceaux Nicole Belloubet, la secrétaire d'Etat l'affirme : les mesures primordiales continueront d'être appliquées dans les semaines à venir. Comprendre, l'éviction du conjoint violent, les ordonnances de protection, les comparutions immédiates, les audiences correctionnelles, les présentations devant les juges d'instruction et civil...

Mais dans un communiqué officiel, le secrétariat d'Etat détaille davantage les failles des moyens mis à disposition face à cette "préoccupation majeure". Comme le fait que l'activité du 39 19 soit certes maintenue mais limitée, "pour protéger au mieux les écoutantes du virus et respecter les consignes". De même pour les 1630 associations d'aide, de défense et de protection financées par l'Etat. "La période que nous traversons met à l'épreuve notre capacité à nous montrer solidaires; elle appelle aussi une responsabilité de chacun à se maîtriser face à ses propre accès de violences et à agir avec autant de calme que possible, sans s'en prendre aux personnes avec qui l'on partage un même espace de vie", conclut le secrétariat.

Mais tout cela peut-il vraiment se résumer à d'idylliques notions de "solidarité" et de "calme" ? Rappelons que cette "préoccupation majeure" ne se limite pas à notre Hexagone. En Chine par exemple, terreau du Coronavirus où sont encore confinées des centaines de millions de familles, les cas de violences domestiques ont augmenté ces dernières semaines, comme l'avance le Global Times, prenant en compte les statistiques des organismes chinois de lutte contre les violences conjugales. Interrogé par le média national, un policier voit là les conséquences de fortes pressions aussi bien psychologiques ("L'épidémie a changé le mode de vie des gens, qui passent trop de temps à la maison") qu'économiques : les pertes financières considérables subies par des milliers de foyers exacerbent des violences déjà existantes...

"L'épidémie a affaibli la capacité d'endurance psychologique de la plupart des gens", s'attriste le représentant des forces de l'ordre. Comme le note encore le Global Times, le fait que certaines victimes ait cessé de travailler les ont d'autant plus confrontées à une menace constante, quotidienne, et potentiellement mortelle. En réponse à cela, nombreuses furent les citoyennes chinoises à déserter leur domicile pour rejoindre des amies ou des parents. Mais malheureusement, cela n'empêche pas toujours leurs agresseurs de les harceler à distance.

Mêmes angoisses en Italie où, comme le dévoile le reportage du mensuel féministe belge Axelle, la situation de confinement totale ne fait qu'amplifier "les inégalités et les oppressions". Inégalités professionnelles bien sûr, pour ces femmes qui, enfermées chez elles, doivent gérer la vie de famille et le travail à distance - bonjour la charge mentale. Inégalités médicales : des hôpitaux assurant l'avortement ferment leurs portes et certains services gratuits sont suspendus. Alors que l'anxiété s'accroît, indissociable d'une certaine précarité financière (des professions, comme les aides à domicile, sont en péril), des droits fondamentaux sont donc bafoués.

"Des [citoyennes italiennes] se retrouvent confinées avec des partenaires violents, parfois sans pouvoir s'isoler pour appeler à l'aide. L'urgence amplifie les inégalités et les oppressions dont les femmes sont déjà victimes. C'est important de les mettre en lumière", insiste dans les pages d'Axelle la militante féministe Carlotta Cossutta. Des vérités qui ne rendent que plus préoccupante la situation que nous vivons aujourd'hui.

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