En France, 210 000 femmes de plus de 18 ans subissent des violences conjugales chaque année, selon le secrétariat d'Etat chargé de l'Egalité hommes-femmes. En 2019, une femme a été tuée par son conjoint ou ex-conjoint tous les deux jours et demi, relevait le groupe Féminicides par conjoint ou ex. Des chiffres qui témoignent d'une réalité tragique pour une partie de la population, souvent laissée pour compte. Mais au-delà de ce que ces victimes endurent dans leur foyer, leur avenir aussi, est compromis.
D'après une étude menée par des chercheur.ses des universités de Warwick et Birmingham, au Royaume-Uni, elles auraient ainsi beaucoup plus de risques de mourir que celles qui n'auraient jamais connu de violences dans leur couple - toutes causes confondues. Afin d'obtenir ces résultats, les auteurs et autrices du rapport se sont penché·es sur la durée de vie de ces femmes, en étudiant les dossiers médicaux de 18 500 victimes de violences conjugales récupérés dans des cabinets de médecins généralistes entre 1995 et 2017, puis en les comparant à ceux de 72 000 femmes qui n'ont pas subi de violences de ce type.
Résultat : 31 % de risques en plus de développer une maladie cardiovasculaire, et 51 % de déclarer un diabète de type 2. Et surtout, 44 % de risques de mourir en plus.
Si les recherches n'expliquent pas le lien entre la maltraitance et l'espérance de vie, les scientifiques évoquent toutefois certains facteurs non-négligeables : le stress provoqué par ces violences au quotidien et l'hygiène de vie malsaine (malbouffe, alcool, tabagisme) que sont plus enclines d'adopter les victimes. Et puis la dépression, qui toucherait 50 % d'entre elles, précise Le Figaro. Un article de Slate pose également la question des suicides forcés, ou quand le harcèlement du conjoint conduit la femme à se donner la mort, et rappelle d'ailleurs que 76 % des concernées interrogées par le collectif Citoyenne féministe sur le sujet, ont avoué avoir eu des pensées suicidaires pendant ou après la vie avec leur bourreau.
Une réalité dramatique, contre laquelle il serait grand temps de déployer des moyens drastiques. Le 29 janvier dernier, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité un projet de loi visant à autoriser la levée du secret médical en cas de soupçons de violences conjugales. Un·e professionnel·le de santé pourra ainsi signaler ses doutes à la justice lorsqu'il lui apparaît que des violences au sein d'un couple "mettent la vie de la victime majeure en danger immédiat et que celle-ci se trouve sous l'emprise de leur auteur". Une mesure qui avait été proposée à l'issue du Grenelle des violences conjugales, orchestré par le gouvernement à l'automne 2019.