219 000, c'est en moyenne le nombre de femmes âgées de 18 à 75 ans qui, au cours d'une année, sont victimes de violences physique et/ou sexuelles commises par leur ancien ou actuel partenaire intime, selon le Secrétariat d'Etat chargé de l'Egalité entre les hommes les femmes. Soit 1 % de la population totale. 149, c'est le nombre féminicides par conjoint ou ex comptabilisés par le collectif Féminicides par conjoint ou ex, en 2019. Après une enquête auprès des autorités, l'AFP a pu confirmer 122 des cas présumés, les autres affaires étant encore trop "récentes ou complexes pour être comptabilisées comme féminicides", précise RTL.
Ce sont ces chiffres et surtout les femmes qui se cachent derrière qui ont certainement déclenché chez de jeunes réalisateurs l'envie de créer pour dénoncer. Après Je suis la fois de trop, deux autres courts métrages en lice pour le Nikon Film Festival 2020 se sont emparés du sujet. Je suis une mise aux poings et 120 (qui figure parmi les 20 les plus soutenus) évoquent à la fois la fréquence de ces crimes, la douleur de celles et ceux qui en sont témoins, la violence parfois vécue en silence, et aussi, un sentiment d'impuissance insoutenable. A voir d'urgence.
Depuis trois générations, la boxe est au coeur de la famille de Jérémy, ado interviewé aux côtés de son père et de son grand-père sur leur passion. Ces derniers ont le sport dans la peau : "La baston, c'est dans les gênes, on s'est toujours battu", lance le père. "C'est essentiel, les valeurs dans la boxe", poursuit le grand-père. Jeremy, lui, semble plus passif, ce qui ne manque pas d'énerve son père. "C'est sa mère qui lui a mis trop de contes de fées dans la tête", s'agace-t-il.
Soudain ses propos s'emplissent de violence, de rage. On comprend alors que ses coups ne se cantonnent pas uniquement au ring. Que l'homme tape sa femme sous le regard "spectateur", tel qu'il le décrit lui-même, de son fils. On lit la détresse sur le visage de Jérémy qui, comme dans beaucoup de cas, ne sait pas comment mettre fin à la violence de l'homme qui l'a élevé. Dans ses derniers mots, presque menaçants, on sent cependant que son ton a changé. Que la prochaine fois, il pourrait intervenir. Pour le meilleur ou pour le pire.
Les scènes s'enchaînent, mais le contexte ne change pas. Une femme est poursuivie, battue, tuée par celui qui partage sa vie. L'arme, elle, passe du couteau aux mains, au revolver caché dans le tiroir. On saisit à peine ce qui provoque la colère du meurtrier, ce n'est pas le but. Avec 120 (référence au nombre annuel de femmes tuées au minimum ces dernières années sous les coups de leur conjoint), le réalisateur et son équipe mettent en exergue ce fil du rasoir sur lequel marchent les victimes. Et la terrible répétition de leurs souffrances. D'une seconde à l'autre tout peut basculer, pour toujours. Et tout finit par basculer, parfois à quelques minutes d'être secourue par la police.
Dans l'introduction au film, on peut lire ces mots : "En 2003, le gouvernement espagnol a mis en place une série de mesures drastiques qui ont permis de diviser le nombre de féminicides par 2. Aimons-nous nos mères, nos femmes, nos soeurs, nos filles moins que les Espagnols ?". Un appel glaçant à enfin réaliser la gravité de la situation qui, on l'espère, dépassera le cadre du festival.
Dans le cadre du Nikon Film Festival, les internautes pourront voter pour le ou les films de leur choix en cliquant sur le bouton "soutenir ce film".
- Si vous êtes victime ou témoin de violences conjugales, appelez le 3919. Ce numéro d'écoute national est destiné aux femmes victimes de violences, à leur entourage et aux professionnels concernés. Cet appel est anonyme et gratuit 7 jours sur 7, de 9h à 22h du lundi au vendredi et de 9h à 18h les samedi, dimanche et jours fériés.
- En cas de danger immédiat, appelez la police, la gendarmerie ou les pompiers en composant le 17 ou le 18.