Profiter d’une communauté de 150 000 membres sur Internet afin d’offrir une belle visibilité à des jeunes auteurs de bande dessinée : tel est l’objectif affiché de MyMajorCompany BD. L’entreprise qui avait connu le succès en proposant aux internautes de financer la production de disques avec MyMajorCompany Music, avait ensuite décliné le principe à la littérature en lançant MyMajorCompany Books. C’est désormais au domaine de la bande dessinée que s’intéresse MMC, qui s’associe au groupe Media Participation auquel appartiennent les éditeurs Dargaud, Dupuis et Le Lombard. Ce partenariat est né d’un constat : la difficulté pour les maisons d’éditions de BD à défendre la jeune création. C’est ce qu’explique Pauline Mermet, éditrice chez Dargaud en charge du projet MMC BD : « pour un jeune créateur, il n’est pas forcément difficile de se faire éditer si on a du talent, mais il est beaucoup plus compliqué de trouver un public : le rendez-vous en librairie ne se fait pas forcément ». Les acheteurs sont en effet frileux, et dans un secteur où sortent 5000 nouveautés par an et où il est difficile de se retrouver, ils se tournent plus volontiers vers des auteurs qu’ils connaissent déjà ou vers les grands noms de la bande dessinée.
Un rendez-vous entre les jeunes auteurs et le public
« Nous associer avec MMC nous est tout de suite apparu comme une belle opportunité d’accélérer la prise de contact entre les jeunes auteurs et leur public, en amont ». Pour le choix des jeunes auteurs à mettre en avant, l’éditrice est formelle : cela se passe au « coup de cœur ». « De plus, étant donné que Dargaud est une maison généraliste, le choix n’a pas été motivé par un genre en particulier », commente-t-elle. Ainsi parmi les cinq projets retenus par la maison Dargaud, on compte aussi bien un roman graphique qu’une bande dessinée humoristique ou qu’une BD jeunesse. Parmi les cinq projets Dargaud qui seront lancés le mois prochain, un seul point commun donc : le talent de leurs jeunes auteurs. Ensuite le concept est simple : après avoir sélectionné les projets, les trois maisons d’édition partenaires les placent sur le site de MMC BD. Les internautes auront alors accès aux éléments qu’ont habituellement les éditeurs : quelques planches et un synopsis. Figureront également un portrait de l’auteur ainsi qu’une interview vidéo.
Un financement communautaire
Les bandes dessinées sont alors soumises au financement des internautes. Deux jauges sont installées : l’une minimum de 10 000 euros et l’autre maximum de 25 000 euros. « Une fois la création de la bande dessinée et son édition ainsi financées, les internautes sont également associés à la démarche de création et ses différentes étapes, comme le choix de la couverture de la BD », indique Pauline Mermet. Les auteurs quant à eux peuvent alors capitaliser sur des centaines de lecteurs qui croient en eux et ont soutenu leur travail. « Ce mode de financement ne change rien pour l’auteur, qui signe un contrat type chez Dargaud », précise l’éditrice. Une fois la BD commercialisée, les internautes sont remboursés de leur financement, puis les marges des ventes sont partagées entre les maisons d’éditions partenaires et MMC qui redistribue leur part aux internautes. Les financeurs recevront une participation sur les bénéfices au prorata des sommes engagées. Par ailleurs, les maisons d'édition impliquées pourront aussi financer directement un projet si celui-ci les intéresse. Pour l’instant Dargaud a retenu 5 projets, Dupuis 2 et Le Lombard 2 également.
Marion Roucheux
Images : Clara/Axel Rock
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