On pourrait logiquement penser que les enfants préfèrent la fiction au réel. Après tout, l'enfance est la seule période de notre vie où inventer de nouveaux jeux à longueur de journée et discuter avec un ami imaginaire est considéré comme acceptable. Mais si on croit une récente étude publiée sur le site Sage Journal, les tout-petits seraient en fait plus intéressés par les histoires vraies que par les contes de fées. A contrario, les adultes que nous sommes devenus préféreraient s'évader en se plongeant dans des écrits de pure fiction. Ces résultats sont bien évidemment surprenants mais finalement très révélateurs. Explications.
Pour arriver à cette découverte, les psychologues Jennifer Barnes, Emily Bernstein et Paul Bloom ont réalisé deux tests sur des enfants âgés de 4 à 7 ans et sur des adultes. En premier, ils leur ont demandé de choisir quelle "histoire sonnait le mieux" en se basant sur un bref descriptif de deux récits différents : le premier était celui d'un enfant qui trouvait un trésor, le deuxième concernait un enfant qui tdécouvrait un os de dinosaure. Mais pour épicer un peu les choses, les chercheurs ont indiqué à la moitié des participants que l'histoire du trésor était "réelle" tandis que celle de l'os de dinosaure était "fictionnelle". L'autre moitié des participants – qu'ils soient enfants ou adultes – a eu l'information inverse. Cela a ainsi permis de détecter les préférences globales pour les faits sur la fiction, au-delà des préférences pour certains thèmes. Résultat ? Les enfants ont largement tendance à privilégier le vrai tandis que les adultes sont partagés entre l'imaginaire et le réel.
Lors de la seconde expérience, les chercheurs sont vraiment allés creuser du côté du fantastique. Cette fois-ci, chaque participant devait dire s'il préférait une histoire racontant la vie d'un petit garçon vivant dans une ferme invisible ou celle d'un petit garçon vivant entouré de beaucoup de frères et soeurs. Cette fois-ci, les enfants étaient partagés tandis que les adultes ont choisi en masse le récit imaginaire.
Mais non, pas de panique, les tout-petits ne sont ni lassés par la Sorcière de la rue Mouffetard ni par Harry Potter. D'après les chercheurs, s'ils ont tendance à apprécier les histoires vraies, c'est parce qu'ils sont en plein apprentissage. Ce que nous avons tendance à considérer comme la routine est tout nouveau pour eux. Si nous pouvons bien sûr retirer des leçons d'histoires créées de toute pièce, l'étude explique qu'il sera toujours plus facile pour les enfants d'apprendre grâce à des faits bien ancrés dans la réalité. Pour eux, les morales de contes de fées sont trop abstraites. Quant aux adultes, s'ils apprécient tellement les récits de fiction, c'est parce que cela représente un luxe qu'ils peuvent s'offrir après avoir assimilés tous les basiques.
Enfin, les chercheurs relativisent en expliquant que si les enfants ont besoin qu'on leur raconte des histoires vraies, ils ont aussi besoin de se créer un monde fait de conversations avec des peluches et de jeux de rôles. Ces jeux sont généralement initiés par les enfants entre eux et leur permettent d'explorer et de repousser les limites d'un monde qui leur est déjà familier.