Paul Varry était un jeune cycliste parisien de 27 ans. Il a été écrasé par un SUV après avoir fait remarquer au chauffeur dudit véhicule que son pied était coincé sous sa roue. Et ce alors que le SUV se trouvait sur la piste cyclable.
Un véritable drame en cours de traitement judiciaire à l'heure où ces lignes s'écrivent (un homme de 52 ans a été mis en examen pour meurtre et placé en détention provisoire), mais qui a déjà suscité indignations, manifestations sur la capitale, et cris d'alarme.
"Il tapait sur la voiture en disant "je ne peux pas bouger, mon pied est coincé". Il a reculé un tout petit peu et il a armé à gauche. Il a vraiment armé pour y aller quoi. J’ai vu sa tête passer sous la roue, c’est traumatisant. Personne ne peut survivre à ça !", a récemment déclaré à ce propos un témoin anonyme au micro de la radio RTL.
Mais alors que les voix s'élèvent pour dénoncer le traitement des deux-roues à Paris et prôner l'interdiction des SUV, cette affaire terrible nous renvoie également à des enjeux de genre bien réels...
Et si ce fait divers éclairait une autre forme de drame ?
Beaucoup voient effectivement dans ce meurtre l'expression d'une masculinité toxique : l'emploi d'une véhicule comme le SUV, face à un vélo, comme affirmation d'une virilité mal placée.
C'est d'ailleurs ce que met en lumière le créateur de contenus "Vivre moins con" sur TikTok, l'espace d'une vidéo très relayée et commentée : "C'est pas qu'une histoire de violence routière envers les cyclistes le meurtre de Paul. Celui qui a écrasé Paul Varry, c'est un homme qui conduisait un SUV de la marque Mercedes"
"Or une étude nous a démontré que 80 % des automobilistes qui adoptent des comportements dangereux sont des hommes. Qui plus est, conduire un SUV de la marque Mercedes, c'est assumer un véhicule imposant, dénotant d'un certain statut social, élevé. Ca donne au conducteur un sentiment de pouvoir et de supériorité qui aboutit à des attitudes dangereuses et irrespectueuses au volant..."
"C'est donc une affaire de masculinité, de statut social et d'appropriation de l'espace public"
Une analyse de genre qui renvoie aux réflexions écoféministes de Sandrine Rousseau. Dans ses prises de parole, comme celle-ci, très commentée, la femme politique émet régulièrement des analogies entre attitudes anti environnementales et... Violences masculines. A juste titre. On pense d'ailleurs à cette autre réflexion très controversée de la militante.
Mais aussi aux dernières campagnes de la Sécurité Routière, narrées par Pio Marmai (une lettre d'un père à son fils), et mettant justement l'accent, à travers un contrepoint "sain", sur les attitudes nocives voire autodestructrices des hommes au volant. Ne pas reproduire ces attitudes, en prenant conscience de cette réalité de genre, c'est également assurer la sûreté des futures générations de garçons et d'hommes.
Conflit de genre, conflit de classe, et de privilèges ?
"Je pourrais résumer ça en quelqu’un de très hautain avec une voiture de luxe et "quand on touche à ma voiture, je t’écrase". Quand tu vas à cette vitesse, tu veux nuire à la victime. C’est gratuit, pur et dur", analyse d'ailleurs le témoin anonyme auprès de RTL.
Une phrase qui appuie ce décryptage.
Les analyses se multiplient parmi les voix militantes alors que proches et concernés attendent surtout une issue : celle de la Justice.