Société
Peut-on obliger les citoyens à se mettre au sport ?
Publié le 16 septembre 2016 à 16:09
Par Jessica Dufour
A grand renfort d'études, on ne cesse de nous prêcher les bienfaits d'une activité physique. Si bien qu'en Suisse, grâce à une surveillance électronique comptant les pas, les personnes les plus physiques bénéficient d'une mutuelle moins onéreuse. Mais, peut-on réellement soumettre la société à chausser sa paire de baskets ?
Peut-on obliger la société à se mettre au sport ? Peut-on obliger la société à se mettre au sport ?© GettyImages
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En Suisse, pratiquer une activité physique peut rapporter beaucoup. La CSS - l'une des plus importantes caisses-maladie du pays - accorde désormais à ses assurés effectuant plus de 10 000 pas (soit environ six kilomètres) par jour, un rabais de 146 francs suisses par an, l'équivalent de 133 euros. Et, s'ils effectuent entre 7 500 et 9 999 pas, ces adhérents perçoivent une réduction d'environ 70 francs (64 euros), comme le rapporte le quotidien Le Temps.

Pour mesurer l'activité de ses clients, la société utilise la surveillance électronique. Un compteur de pas enregistre la marche quotidienne de celui qui le porte et transmet les données enregistrées chaque soir, par smartphone, à l'assureur. Fort heureusement, cette surveillance n'est mise en place que si elle est acceptée par les clients. Et, seulement un mois après son lancement, en juillet 2016, la formule avait déjà conquis près de 2 500 personnes. Aujourd'hui, ce chiffre ne cesse de croître.

Bouger plus pour payer moins

Il faut savoir que la CSS n'est pas la seule à mettre en avant une telle démarche. Toujours en Suisse, Swica propose également un programme de bonus pour les amateurs de fitness. Et cette tendance ne séduit pas seulement nos voisins helvètes. En Allemagne également, l'assureur Generali a instauré un programme basé sur la mesure de la vitesse du joggeur, de son pouls et les calories absorbées. Mais Generali ne s'arrête pas là : prochainement, il souhaiterait également favoriser les assurés qui mangent sainement, via à un accord passé avec des commerces et grâce, là aussi, à une application chargée sur un téléphone mobile.

L'assureur Generali souhaite offrir un bonus aux assurés qui mangent sainement 
 © GettyImages

Pour en revenir à la CSS, si son offre incitative est tout à fait louable au vu de l'importance du sport pour notre bien-être et qu'elle s'inscrit dans un contexte de hausse constante des coûts de la santé - entre 2014 et 2016, le coût des mutuelles a augmenté de 4 %, quand en 2017, il devrait augmenter de 4 à 5 % -, la question de la protection des données personnelles se pose. A cette question, la CSS répond que les indications qui lui arrivent ne peuvent être croisées avec d'autres en sa possession pour identifier, par exemple, des profils à risque.

Et quid de la France ? Une question tout à fait légitime quand on remarque la proportion grandissante des personnes cherchant à adopter un mode de vie de plus en plus sain. Si un rabais au niveau de la Sécurité Sociale ne semble pas encore à l'ordre du jour, le remboursement de son abonnement de sport par la Sécu avait été évoqué. En 2012 déjà, le docteur Jacques Bazex de l'Académie de médecine avait fait un rapport en ce sens - expliquant que la pratique sportive retardait la dépendance et réduit le risque de mortalité de 30 %. Mais le gouvernement n'avait pas pour autant été séduit. La cause : "le retour sur investissement et les économies générées" ne sont pas encore démontrés. Pourtant, d'après La Dépêche (qui cite des estimations ministérielles), l'activité physique "réduirait les frais de santé de 250 euros par an et par personne, soit une économie potentielle de six milliards pour l'assurance maladie".

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