Vecteurs d'émotions fortes et de discours qui débordent des lignes, les podcasts constituent un mode de diffusion - et surtout d'expression - à part entière. A travers eux se propagent les meilleures ondes et les points de vue les plus engagés. L'occasion de valoriser des paroles trop minorées et de briser quelques tabous, aussi. C'est d'ailleurs ce que nous démontrent ces sept nouveaux podcasts à ne surtout pas louper. On file chercher notre casque.
A travers ses documentaires sonores Intime et politique, la boîte de podcasts Nouvelles Ecoutes co-initiée par Lauren Bastide délivre des focus plein de sensibilité sur le monde qui nous entoure - et celles à qui l'on ne tend pas suffisamment le micro, comme les travailleuses du sexe (voir le docu "La politique des putes"). Même approche concernée avec La fille du canapé, qui déploie de poignants témoignages d'agressions sexuelles.
Des podcasts très "trigger warning" donc mais aussi incarnés, engagés et pleins d'empathie, qui donnent à faire entendre des traumatismes intimes et intrafamiliaux profondément enfouis. Le tout est mené par la militante Axelle Jah Njike, autrice et créatrice d'un podcast tout aussi inclusif et éloquent : l'excellent Me My Sexe And I.
Les fleurs à épines sont symboles de résistance : qui s'y frotte s'y pique. Il en est de même de l'écoféminisme : qui tenterait de résumer ce vaste mouvement en quelques mots pourrait bien se prendre les pieds dans le tapis. C'est à la lumière de cette révolution aux jeunes emblèmes (Greta Thunberg, Anuna de Wever) que le collectif Les Engraineuses (à qui l'on doit le festival écoféministe Après La Pluie) nous propose un podcast tout neuf : Les Epines.
Ecoute prometteuse que cette création d'Anne-Sophie Valentin et Pauline Blanchard dont le premier épisode donne le la : il y est question de changements globaux et d'initiatives au féminin, de solidarité militante et de leadership en quête de sens. Une suite de problématiques qui stimulent à l'heure où la crise du coronavirus exacerbe bien des enjeux écolos. A écouter en parallèle du podcast franco-allemand Synchrone, évoquant aussi bien la question des déchets et de la mode éthique que celle de la consommation en plein Covid-19.
"Même si ça ne change rien, ça fait du bien de parler", chantait France Gall. Philosophie similaire au fil des gros plans plein de ludisme de la journaliste et linguiste Laélia Veron, qui avec le podcast Parler comme jamais nous dévoile une langue très éloignée de celle qui imprègne nos manuels de grammaire : sans cesse déconstruite et remise en question. Il faut parfois interroger le sens des mots pour comprendre leur force véritable.
C'est ce que nous rappelle cette production Binge Audio (Les couilles sur la table) en déployant un éventail de questions (im)pertinentes traitées avec une grande érudition : comment parlent les jeunes au juste ? Parlent-ils si mal, ces djeunz ? C'est quoi, "parler français" ? Et qui peut s'en targuer ? Quel symbolisme - linguistique et politique - masquent les insultes (trop) banalisées ? Des cours de langue qui boostent l'esprit (critique).
Sous ce blaze rigolo, une démarche primordiale : faire entendre la complexité de la scène politicienne - et des mobilisations et débats qui en sont la répartie cinglante - à travers des voix féminines. Initié par la chroniqueuse politique Léa Chamboncel, Popol se présente à nous comme le premier podcast politique "exclusivement réservé aux femmes". Un projet déjà révolutionnaire en soi, qui détonne par la variété des profils mis en avant - entre militantes, avocates et élues.
Une valorisation aussi bien médiatique que politique des femmes de l'ombre alors que la crise du coronavirus (ou "coronaviril", pour paraphraser les députées PCF et FI, Elsa Faucillon et Clémentine Autain) a engendré une accumulation de paroles expertes masculines sur les plateaux de télé ? On ne peut qu'approuver - et adorer - l'idée.
Le podcast n'est pas simplement un média pour adultes en quête d'écoutes culturelles, non, c'est également un excellent divertissement pour toute la famille. La preuve avec Histoires pour les oreilles, programme court et limpide de contes à choper sur Keeku, la nouvelle plateforme française de podcasts pour les enfants.
Le Chat Botté, Le Loup et les 7 chevreaux, Le lièvre et la tortue, Les trois petits cochons, L'éléphant et la fourmi... On connaît les récits - essentiellement animaliers - qui composent ces plages sonores pleines de péripéties et de morales : elles ont fait leurs preuves et traversent les époques. Raison de plus pour réviser ses classiques.
Celles et ceux qui ont eu la chance d'assister au dernier Paris Podcast Festival ont pu savourer ce podcast militant d'Ilham Maad et Merry Royer. Le mot d'ordre de Filles de lutte ? La transmission. Plus précisément, cette création originale Spotify dévoile sous forme d'enquête la manière dont les valeurs féministes se propagent de mère à fille.
Une histoire polyphonique d'engagement donc mais aussi d'éducation. Le récit d'une révolte, aussi bien intimiste que collective, que le poids des années ne fait pas taire, bien au contraire, mais ressource et réinvente.
Si les kids sont servis en terme de podcasts amusants et instructifs, qu'en est-il au juste de leurs parents ? Pas de panique, ceux-ci sont loin d'être exclus de l'audiosphère. La parentalité, c'est justement le sujet de ces Parents informés, grouillant de thématiques que darons et daronnes ont forcément eu un jour à l'esprit : l'enjeu de la sucette et du biberon chez l'enfant, les aléas de l'accouchement, les pleurs du bébé, la durée de vie du doudou...
L'intention, illustrée par bien des paroles expertes, est définie ainsi par la podcasteuse Charline Roumagnac : "offrir un support audio qui apporte des informations fiables aux questions que l'on se pose tout au long de notre vie de parents". Beaucoup d'entre eux lui diront "merci".