Je n'ai jamais levé la main sur mon fils. Je ne lève même pas la voix. Pas besoin. Un discours raisonnable sur les raisons de l'interdiction, une savante responsabilisation face aux conséquences, ainsi qu'un système codifié de sanctions en cas de désobéissance (en harmonie avec son père) sont la clé de voûte de ce système. Suppression de privilèges, rien de plus, rien de moins. Mon fils de quinze ans ne me pose aucun problème et démontre un très grand respect envers ses pairs et ses aînés.
Selon moi, les gens qui frappent les enfants le font pour de mauvaises raisons de toute manière. Frapper un plus faible, un être inférieur hiérarchiquement, de surcroît un « dépendant » est un geste lâche et au mépris total de son intégrité physique. Comment, alors, lui inculquer le respect si déjà on ne le respecte pas ?
Un enfant qui reçoit une gifle ou une fessée reçoit ainsi le message que l'on peut avoir recours à la violence physique même quand on est un adulte, pourtant censé représenter l'autorité et l'exemple. Il perd le respect de l'intégrité corporelle des autres. Un enfant battu aura plus de chance de frapper à son tour un conjoint ou un autre individu puisque c'est le message transmis par ses parents.
Malgré tout, la fessée a du sens si on accepte que le parent, par son geste, reconnaît être à bout d'arguments et céder à sa pulsion colérique primitive irrépressible, qu'il est pourtant censé contrôler en tant qu'adulte. Souvent, il demande par la suite pardon à l'enfant, ce qui totalement contraire au but initial de « correction ». Il faut assumer sa sanction, pas s'en excuser, rester consistant...
Dans l'intérêt des droits de l'enfant il faudrait pouvoir légiférer. C'est déjà le cas dans certains pays. Mais comment quantifier la « force » d'une fessée, d'une gifle, d'un coup de martinet, de ceinture, de cuiller en bois, de règle...? Y a-t-il une unité de mesure pour cet acte ?