Les chiffres ne sont pas rassurants. La participation des femmes à la population active mondiale est passée de 57% en 1990 à 55% en 2014. Une donnée de la Banque Mondiale illustrant une nouvelle fois les inégalités auxquelles sont confrontées les femmes. Malgré des chiffres qui varient d'un pays à l'autre et la crise ayant touché le marché de l'emploi, l'exclusion économique frappe en effet davantage les femmes que les hommes (voir notre carte ci-dessous). C'est d'ailleurs ce que la Banque Mondiale constatait déjà dans un premier rapport intitulé Gender at Work.
Une exclusion qu'il convient malgré tout de nuancer, la tendance mondiale étant particulièrement affectée par les chiffres de l'Inde et des pays du Maghreb. Deux régions où la participation des femmes à la population active ne dépasse pas les 30%, contre au moins 75% pour les hommes.
Illustration de ce phénomène avec la Tunisie. Selon une étude de l'OCDE réalisée en 2014, 60% des femmes tunisiennes ont fait des études secondaires ou supérieures, tandis que leur taux d'activité ne franchit pas les 20%. A l'inverse, dans ce même pays, 70% des hommes qui ont suivi des études secondaires ou supérieures ont un taux d'activité supérieur à 60%. Des chiffres alarmants qui influencent la moyenne mondiale.
Economiste principal à l'Organisme International du Travail, le chercheur suisse Ekkehard Ernst analyse les résultats observés dans une autre partie du monde : l'Inde où les chiffres de l'emploi des femmes sont là aussi cruellement faibles. Mais contrairement à ce que pourrait suggérer cette donnée, il ne s'agit pas forcément d'un mauvais signe pour le pays. Explication :
Plus généralement, le rapport de la Banque Mondiale montre également une forte segmentation et ségrégation des femmes dans certains domaines d'activité comme la manufacture. Un secteur où ces dernières sont moins présentes qu'ailleurs et qui créé des barrières pour l'emploi. Mais le principal obstacle pour les femmes reste la barrière culturelle comme l'explique Ekkehard Ernst.
Dans le détail de son rapport, la Banque Mondiale évoque le cas de la France comme un pays se rapprochant de l'égalité entre les hommes et les femmes. En France, ces dernières obtiennent un taux de participation dans la vie active supérieure à 50%, l'Hexagone faisant en la matière figure de bon élève.
Notre pays n'est pourtant le plus exemplaire puisque ses voisins allemands et anglais possèdent des pourcentages supérieurs avec respectivement 54 et 56% de taux de participation des femmes à la vie active (voir carte). En France, la principale inégalité reste l'écart de salaire : environ 27% entre les hommes et les femmes selon les données de l'INSEE. Nina Schmidt chargée de mission à l'observatoire des inégalités explique les raisons de cette différence.
Si nos voisins européens semblent donc avoir de meilleurs résultats en matière de taux de participation des femmes à la population active, il faut néanmoins noter les efforts effectués sur les dernières années.
Ainsi les chiffres de participation des étudiantes françaises dans le système éducatif sont pratiquement égaux à ceux des étudiants même au niveau universitaire. L'écart se creuse en revanche lorsqu'il s'agit de fonder une famille. En quittant le marché du travail, même pour des périodes de 6 à 9 mois seulement pour s'occuper de leur enfant, les femmes contribuent à faire chuter le taux de participation à la vie active, la reprise étant plus faible après la grossesse. Certains pays comme la Suède font bonne figure dans ce domaine où les femmes retrouvent un travail en moyenne trois ans après leur période de congé contre cinq ans pour la France. Le combat pour l'égalité professionnelle n'est donc pas terminé et la France n'échappe pas à la règle.
Aurélien Lefèvre et Jérémy Becam.
Dossier réalisé en partenariat avec les étudiants de l'Institut européen de journalisme.