A quelques jours de la Journée mondiale de lutte contre le sida qui aura lieu le 1er décembre, Agnès Buzyn, ministre de la Santé, a annoncé lors de son passage sur France Inter mardi 27 novembre, le remboursement par la Sécu des préservatifs masculins.
Chacun·e pourra alors aller chez son ou sa médecin pour s'en faire prescrire et se les faire rembourser : "On pourra maintenant, quand on est un jeune ou quand on présente des risques particuliers, ou pas d'ailleurs, quand on est une femme ou quand on est un homme, aller voir son médecin et avoir des préservatifs remboursés sur prescription médicale", indique la ministre.
Cette mesure serait destinée à faire baisser le nombre de nouveaux cas de contamination en France : "Aujourd'hui, nous découvrons chaque année environ 6 000 nouveaux cas [...] notamment chez les jeunes, autour de 800 à 1 000 nouveaux cas chez des gens de moins de 25 ans, qui utilisent souvent le préservatif pour leur premier rapport sexuel, mais pas dans les actes suivants"
Si les préservatifs sont des moyens de prévention contre le Sida, ils sont aussi considérés comme des contraceptifs. Alors le remboursement de ce dispositif masculin fait monter la grogne. Sur Twitter, les internautes s'interrogent : pourquoi les contraceptifs féminins ne sont-ils pas pris en charge ?
Si cette mesure est prise dans un souci de prévention contre le VIH, et non comme moyen de contraception, le débat est cependant posé. D'autant que le préservatif féminin n'est pas pris en compte dans ce remboursement alors qu'il permet lui aussi de se protéger du VIH.
Encore une fois, les femmes sont laissées sur le bord de la route alors qu'elles gagnent moins que les hommes mais paient une taxe rose, paient pour leurs règles et pour leur contraception.
Récemment, la dessinatrice Emma avait dénoncé cette charge mentale de la contraception dans une bande dessinée sur sa page Facebook.
Selon le site Ameli de la Sécurité Sociale, "certaines pilules contraceptives, les implants contraceptifs, les dispositifs intra-utérins (DIU) ou stérilets et les diaphragmes sont remboursables par l'Assurance Maladie."
Ces derniers "sont délivrés en pharmacie sur prescription médicale, de manière confidentielle et sans avance de frais pour les jeunes filles mineures âgées d'au moins 15 ans, ou remboursés à 65 % par l'Assurance Maladie dans les conditions habituelles pour les femmes majeures."
Donc pas à 100 % pour les adultes. Il en va de même pour la contraception d'urgence : "La contraception d'urgence hormonale est disponible en pharmacie sans prescription médicale. Elle peut être délivrée de manière anonyme et gratuite aux jeunes filles mineures. Pour les femmes majeures, elle est remboursée à 65 % par l'Assurance Maladie sur prescription médicale uniquement."
Adulte, pour se faire rembourser à 65 % cette pilule du lendemain, il faut donc se procurer en urgence une prescription médicale.
Pour ce qui est des autres dispositifs, "certaines pilules contraceptives, les patchs contraceptifs, les anneaux vaginaux, les capes cervicales qui sont délivrés en pharmacie sur prescription médicale [...] les spermicides et les préservatifs féminins qui sont délivrés en pharmacie sans prescription médicale, les préservatifs masculins qui sont en vente libre", ils ne sont pas remboursés.
Or, tout ces dispositifs ont un coût. Avec prescription et suivi, une pilule peut coûter jusqu'à 140 euros annuels (sachant que beaucoup ne sont pas remboursées), pour un stérilet c'est entre 30 à 50 euros, l'anneau contraceptif une vingtaine d'euros par mois...
Il est aussi souvent difficile de faire partager ce coût à son conjoint ou son partenaire. C'est donc aux femmes de payer. Cette responsabilité de "tomber enceinte" leur est aussi inculquée dès le plus jeune âge, ce qui déresponsabilise les garçons. C'est ce qu'avait raconté avec humour une blogueuse américaine, pour qui les hommes étaient responsables à 100 % des grossesses non-desirées.
Alors à quand le remboursement des protections périodiques, qui sont le seul produit dont les femmes ne peuvent se passer et que les hommes n'ont pas à acheter ? Et à quand le partage de la charge financière et mentale de la contraception ? On attend la réponse de la ministre Agnès Buzyn.