Société
La dessinatrice Emma répond au gynécologue anti-avortement
Publié le 17 septembre 2018 à 12:20
Par Marguerite Nebelsztein
Dans une bande dessinée de 17 images, la dessinatrice Emma, déjà connue pour sa BD sur la charge mentale, a démonté avec humour les propos anti-avortement du président du syndicat des gynécologues-obstétriciens.
La réponse de la dessinatrice Emma au président des gynécologues sur l'IVG La réponse de la dessinatrice Emma au président des gynécologues sur l'IVG© Emma
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La dessinatrice Emma est revenue dans une bande dessinée publiée sur son compte Facebook sur les propos polémiques du président du syndicat des gynécologues obstétriciens dans l'émission Quotidien sur TMC mardi 11 septembre. Bertrand de Rochambeau avait déclaré : "Moi, je fais un métier avec mes tripes. Je me lève à n'importe quelle heure. La nuit, je fais des opérations très difficiles, avec mes tripes. Et donc aux choses auxquelles je ne crois pas, je ne les fais plus [...] Nous ne sommes pas là pour retirer des vies".

On ne devrait pas obliger les femmes à subir une grossesse non-désirée et la réponse d'Emma à ce gynécologue est parfaite. L'illustratrice était déjà connue pour son excellente description de la charge mentale. Cette fois-ci, dans ces 17 images, Emma met en scène Bertrand de Rochambeau dans la peau d'une femme qui aurait à faire à ses services et lui fait vivre ce que beaucoup de femmes doivent subir. A savoir la maltraitance gynécologique, la pression sociale ou la charge mentale.

Elle l'imagine se réveillant enceinte du jour au lendemain. Il doit alors faire face à une troupe d'étudiant·es venu·es voir son "périnée tout mou". Il subit ensuite deux jours de travail à la maternité, avec les douleurs qui vont avec bien évidemment. Le médecin lui fait une épisiotomie et le recoud en faisant un point de suture de plus, le malheureusement fameux "point du mari".

Puis, il se retrouverait seul au bout de onze tout petits jours, à s'occuper d'un bébé qu'il n'aurait pas désiré. Elle démonte ensuite les procès en irresponsabilité des femmes qui avortent, que font souvent les anti-IVG. Pourtant, comme elle le rappelle, trois femmes sur quatre qui avortent prennent une contraception.

Si tous ces événements arrivaient à Bertrand de Rochambeau, "peut-être qu'alors il comprendrait que pour espérer supporter tout ça, c'est quand même mieux d'avoir désiré ce bébé et qu'il soutiendrait ses patientes dans leurs choix."

Emma rappelle également à ceux et celles qui souhaiteraient ré-interdire l'IVG que cela n'empêchera pas les femmes d'y avoir recours : "Qui souhaite avorter trouvera toujours un moyen de le faire même si c'est illégal. Simplement, elle le fera dans des conditions qui mettent sa vie en danger".

La dessinatrice reprend un tableau de titres de presse évoquant les scandales de pédophilie dans l'Église et leur lance : "Pour celles et ceux qui veulent réellement protéger les enfants ... il y a peut-être d'autres endroits vers lesquels se tourner".

En conclusion, elle lance un appel à celui qui est président du syndicat des gynécologues obstétriciens : "Taisez-vous et faites votre boulot. L'avortement fait partie de la santé reproductive des femmes, donc du travail d'un gynécologue. Si vous ne voulez pas faire ça, changez de métier".

Emma a également partagé sur sa page Facebook un lien vers une pétition qui demande la radiation de Bertrand de Rochambeau de l'orde des médecins : "Quand on refuse de pratiquer l'IVG et, par conséquent, qu'on refuse d'être à l'écoute d'une patiente, on ne mérite pas le titre de gynécologue et encore moins celui de médecin. Des propos scandaleux, tout simplement. Monsieur, vous faites honte à votre profession."

Cette bande dessinée d'Emma a déjà été partagée plus de 19 000 fois et a suscité de nombreuses réactions : "Merci Emma ! C'est du lourd et c'est génial" ou "Beaucoup mieux armé pour discuter avec les anti maintenant, encore merci!"

Suite à son interview dans Quotidien, Bertrand de Rochambeau a provoqué un torrent de condamnations. Véronique Séhier, la présidente du Planning familial, a déclaré dans un tweet que ces propos étaient "scandaleux". Son propre syndicat a évoqué des "propos personnels" et s'est désolidarisé de son président. La ministre de la Santé, Agnès Buzin, et la secrétaire d'État à l'égalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, ont également condamné sa déclaration anti-IVG.

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