La procrastination est mal vue : on se sent coupable de tarder à agir et on n’aime pas voir les autres tout remettre à plus tard. La sagesse populaire le dit « ne jamais remettre au lendemain ce qu’on peut faire le jour même ».
Il n’y a qu’un domaine où celle-ci est tolérée : l’art. On n’attend pas d’un peintre qu’il s’astreigne tous les jours à mettre 30 coups de pinceaux sur sa toile pour la terminer à temps. On comprend qu’il puisse passer des heures à contempler des paysages et peigne ensuite sa toile d’une traite.
Pourquoi ? Parce que l’art est principalement un travail de cerveau droit, le cerveau des émotions et de l’inspiration. Au bureau, on a plutôt tendance à utiliser son cerveau gauche, le cerveau du raisonnement, qui aime découper les tâches en sous-tâches et remplir des agendas.
Votre cerveau gauche est besogneux, il travaille de manière logique en traitant les informations une par une. Confiez-lui la rédaction d’une présentation, il va faire un plan et ranger dans chaque chapitre les informations qui s’y rattachent. Mais c’est votre cerveau droit qui va inventer la phrase d’introduction qui accroche et qui va bousculer l’ordre logique de vos chapitres pour offrir le fil rouge qui rendra votre présentation vraiment impactante.
Seulement votre cerveau droit est fantasque, il ne travaille pas à la demande et surtout pas sous la contrainte. L’inspiration vient souvent quand on ne s’y attend pas et en particulier quand on ne pense pas au sujet qui nous préoccupe. Vous partez faire un petit tour de lèche-vitrine et tout d’un coup vous trouvez ce que vous allez dire à votre chef pour qu’il vous confie ce poste dont vous rêvez.
Et si ce que vous prenez pour de la procrastination était simplement du temps de travail de votre cerveau droit ? Le charme du cerveau droit est qu’il travaille en temps masqué, c'est-à-dire à votre insu. Vous pensez que vous ne faites rien parce que votre cerveau gauche vous dit « c’est l’encéphalogramme plat ici ! ». Mais pas du tout ! Pendant que votre cerveau gauche se désespère de ne pas être sollicité, votre cerveau droit s’active frénétiquement. Il active votre intuition et pour cela, fait des associations et des rapprochements les plus irrationnels possibles. Vous courrez dans un bois en écoutant de la musique et tout à coup en apercevant les branches d’un arbre vous vous dites « mais bien sûr, il faut que je parle de la racine du problème et que je fasse un schéma très visuel où je présente les différentes causes du problème comme les branches d’un arbre, avec toutes les ramifications ! ».
Et il y a mieux, procrastiner peut vous faire gagner beaucoup de temps ! En effet, on montre du doigt celui qui ne fait rien mais on pourrait aussi montrer du doigt celui qui travaille pour se donner bonne conscience mais qui ne produit en fait rien du tout. C’est un mal très répandu dans l’entreprise que de faire des choses pour s’occuper ou se justifier sans se poser la question de leur utilité. Faire ce qu’on sait faire rassure, ça ne fatigue pas et pendant ce temps on ne vous fait pas de reproches.
Finalement, entre celui qui s’abrutit sur une tâche inutile et celui qui va prendre l’air en attendant l’inspiration, lequel est à blâmer ? Entre la certitude de travailler pour rien et la perspective de trouver l’idée qui vous fera briller, que choisissez-vous ?
Voilà pour l’éloge de la procrastination, mais il faut malgré tout savoir faire la différence entre procrastiner pour attendre l’inspiration et procrastiner pour échapper à ses responsabilités. Ce n’est pas parce que votre cerveau gauche ne fait rien que votre cerveau droit s’agite utilement. Pour enclencher le mécanisme vertueux de l’inspiration, il faut une réelle motivation. Il faut avoir envie de trouver une solution et se fixer une échéance. Donnez-vous tant d’heures ou de jours pour avoir trouvé la solution à votre problème car avoir une limite de temps est indispensable pour maintenir votre cerveau droit sous tension.
Et pour savoir si vous êtes un bon ou un mauvais procrastinateur, rien de plus simple : demandez-vous si le fait de remettre certaines tâches au lendemain vous a déjà nuit gravement. Si ce n’est pas le cas, c’est probablement que vous êtes un bon procrastinateur et que vous savez laisser le temps à l’inspiration pour qu’elle vous touche de sa grâce !
Construire un réseau : nos conseils pour pratiquer la mise en relation
Chômage, trou dans le CV, accident de parcours : comment en parler en entretien
5 clés pour changer de job sans se tromper
Génération Y, éduquez votre manager!