Après l’audition des prévenus dans l’affaire des prothèses mammaires PIP, c’était au tour des inspecteurs de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, (ex-Afssaps, devenue depuis l'ANSM) d’être entendus par la justice, lundi. Alertée dès 2008 par des chirurgiens sur des déchirements trop fréquents de l’enveloppe des implants PIP et disposant de photos de fûts d’huile de silicone non déclarés, en provenance de Poly Implant Prothèse, l’Afssaps, qui n’a pas contrôlé l’entreprise varoise depuis 2001, n’effectuera pourtant aucun contrôle inopiné. Et il faudra attendre 2010 pour qu’elle découvre finalement la supercherie.
« On a prévenu la société (Poly Implant Prothèse, ndlr.) car on n’était pas du tout dans un contexte de suspicion de fraude, on venait pour comprendre l’origine des ruptures », a expliqué, lundi, à la barre, Jean-Christophe Born, l’un des six inspecteurs de l’ANSM ayant inspecté les locaux de l’entreprise de Jean-Claude Mas. L'inspection devait durer deux jours. Il en faudra finalement trois avant l’interdiction, le 29 mars 2010, de tous les produits PIP.
Pourquoi ce délai de deux ans entre les premiers signalements et la découverte de la fraude ? « L’agence ne dispose que d’une poignée d’inspecteurs chargés d’une centaine de visites par an pour plus d’une centaine de milliers de dispositifs médicaux », rapporte le Nouvel Observateur. Mais l’affaire PIP aura au moins servi à renforcer les contrôles sur les dispositifs médicaux. Désormais, l’ANSM cible prioritairement pour ses inspections inopinées la cinquantaine de fabricants de dispositifs à risque que sont les implants mammaires bien sûr, mais aussi les prothèses de hanche et de genou, les pacemaker et les valves cardiaques.