Jeune ingénieur gaspillant ses nuits à Berlin, Léo revient dans son village natal du Doubs pour vendre les terrains agricoles de son père à une entreprise de forage de métaux. Alors que ce projet de mine suscite une forte controverse locale, le jeune homme constate des choses étranges dans la rivière alentour. Et va très rapidement se faire enquêteur en herbe.
Curieux objet hybride que Fario, film de la réalisatrice Lucie Prost où brille encore une fois l’inépuisable Finnegan Oldfield, l’une des plus solides promesses du cinéma français. A découvrir en salles dès ce 23 octobre, ce récit polymorphe entremêle portrait plein d’authenticité des nouvelles générations, sonnette d’alarme écolo et… Critique des masculinités. Oui oui.
Le tout sur fond d’investigation scandaleuse…
Le coeur de Fario, c’est la recherche scientifique obsédante de son protagoniste, ingénieur persuadé que les truites de son village ne sont pas comme d’habitude, mais… En pleine mutation. Et si cela avait un rapport avec toute cette entreprise de forage ?
Et qui dit pollution, dit… Toxicité. Mot que notre jeune héros semble fuir comme la peste. Car s’il aligne cigarette sur cigarette, peu intimidé par les conséquences de cette nocivité sur sa santé, Léo est un homme… Sain.
Dès cette première scène en vérité, où il confesse ses soucis intimes. “Je dois te dire, je ne bande plus, j’ai déposé les armes”, avoue-t-il à un “date”. Son amie Camille lui rétorquera : “C’est surfait tout ça, vous vous mettez trop la pression !”.
L’espace de scènes discrètes mais puissantes, la cinéaste Lucie Prost enrichit un discours alerte sur les conditions de vie déplorables des agriculteurs (le métier du défunt père de Léo) d’une chronique vive et stimulante des néo-masculinités “déconstruites”, passant au crible culte de la performance, virilité et autres mythes du “chasseur cueilleur” - lesquels chasseurs, précisera un dialogue truculent, “étaient aussi des femmes, en fait”.
Film sur la transmission (Léo porte les chemises de son père), sur la jeunesse des campagnes françaises, aux antipodes de tous les clichés rances que l’on peut imaginer à ce propos (avec une évocation de l’homosexualité en ruralité, vrai sujet tabou), mais aussi sur la cause environnementale, Fario est un film qui, à l’image de son protagoniste… Échappe aux cases.
Et le fait bien.
Fario de Lucie Prost. Avec Finnegan Oldfield, Megan Northam, Andranic Manet, Olivia Côte, Florence Loiret Caille. En salles depuis le 23 octobre.