Discrète, bosseuse. Les adjectifs utilisés pour décrire la personnalité de Camille Muffat viennent confirmer les pronostics qui la donnaient favorite de la course du 400m nage libre dimanche aux JO de Londres. Une épreuve remportée avec brio en 4 minutes 01 seconde 45 centièmes, l’occasion de battre le record olympique de la distance.
La nageuse en a battu quelques autres cette année, comme pour préparer le public à son triomphe. En mars dernier à Dunkerque, lors des Championnats de France, elle est devenue
championne de France du 400m nage libre et du 200m nage libre, réalisant ainsi la meilleure performance mondiale de l'année, et pulvérisant au passage les records français détenus par Laure Manaudou, son aînée de trois ans. La rivalité bienveillante entre les deux nageuses avait démarré en 2005 lors des championnats de France : du haut de ses quinze ans, Camille battait Manaudou, championne olympique, dans l’épreuve du 200m 4 nages. Une notoriété naissante touche le jeune prodige, sans que celle-ci ne cherche à l’alimenter.
Une année de sacrifices
En effet, ce ne sont ni la presse ni les contrats qui l’ont préoccupée cette année. L’espoir de la natation française a senti monter la pression depuis quatre ans, et a mis les bouchées doubles pour rafler l’or sinon rien. Depuis son entrée en équipe de France en 2005, elle a multiplié les records et les médailles –elle décroche l’or en 2010 aux championnats du monde de Dubaï sur le 200m nage libre-, mais elle avouait dimanche dans une interview accordée à L’Equipe n’avoir jamais autant nagé qu’en cette année olympique.
A raison de six heures d’entraînement par jour, six jours sur sept, la sportive confie sa fatigue à qui veut l’entendre, et son petit ami William, de confirmer : « Quand elle rentre à la maison, neuf fois sur dix, elle ne peut pas faire à manger, parce qu'elle a les bras qui tremblent ». « Ce que je sais, c'est que tous les matins, j'étais à sept heures dans l'eau (...) et que tous les soirs j'étais morte (…) C'est dur à vivre », avoue-t-elle dans l’Equipe. Mais le jeu en vaut la chandelle, la nageuse savait que son heure était venue, pas question de laisser passer sa chance après la déception de Pékin en 2008, où elle terminait 5e sur le 4x200m nage libre et 12e sur le 200m 4 nages.
Tatouage porte-bonheur
« Etre aux jeux, décrocher une médaille, peut-être pas la médaille d’or, oui, ça fait bien cinq ou six ans que j’y pense », glissait-elle dans une interview accordée au Nouvel Obs le mois dernier. Et pour cause, comme pour se mettre le destin dans la poche, Camille s’était fait tatouer les anneaux olympiques sur la cheville… Du coup, son entraîneur ne l’a pas lâchée. Celui-ci n’est autre que Fabrice Pellerin, l’heureux capitaine de l’école de Nice, qui brille cette année en plaçant également ses poulains Yannick Agnel et Clément Lefert sur la première marche du podium : l’équipe française masculine est devenue championne olympique de relai 400m. Discret et exigeant, voire intransigeant, l’homme s’occupe de Camille depuis ses 10 ans et la décrit comme quelqu’un de droit, attachée aux valeurs et peu attirée par les projecteurs. « Camille, c’est la fille qui aura toujours sa chambre impeccable avec ses affaires pliées en quatre. Si vous lui donnez rendez-vous à 8 heures, elle sera là dix minutes avant. »
Justement le prochain rendez-vous dans le grand bassin a lieu mardi soir pour le 200m nage libre, épreuve à laquelle la Niçoise s’est douloureusement qualifiée lundi matin, après une nuit d’insomnie. Elle courra de nouveau ensuite pour le relai 4x200m.
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Crédit photo : camille-muffat.fr
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