En 1962, le monde découvrait Peter O'Toole dans Lawrence d'Arabie, l'épopée grandiose de David Lean retraçant l'histoire de Thomas Edward Lawrence, un officier britannique rêvant de fonder une nation arabe indépendante. En prêtant sa blondeur juvénile et son regard bleu azur à l'aventurier, Peter O'Toole, alors âgé de trente ans, est entré dans la légende hollywoodienne. Cinquante ans plus tard, son agent Steve Kenis a annoncé que le comédien était décédé samedi 14 décembre à l'hôpital des suites d'une longue maladie. Il avait quatre-vingt-un ans.
Né en 1932 dans le Connemara, Peter O'Toole grandit à Kerry, avant de déménager avec sa famille à Dublin. Celui qui fut l'un des acteurs les plus populaires du début des années 1960 commence sa carrière en tant que garçon de bureau, avant de devenir journaliste à Leeds pour le journal local Yorkshire News. Il débute finalement sa carrière d'acteur en 1949, à l'âge de dix-sept ans, en intégrant le la troupe du théâtre municipal de Leeds. Après avoir fait son service militaire de deux ans dans la Royal Navy, Peter O'Toole intègre, à vingt ans, la prestigieuse Académie royale d'art dramatique de Londres où, aux côtés de Richard Bates et Alan Harris, il s'essaye aux planches et se prend de passion pour le théâtre shakespearien. Il joue dans une soixantaine de pièces - Le Roi Lear, Othello, Hamlet, Macbeth, Roméo et Juliette, Jules César - avant de connaître enfin la consécration à Hollywood.
En 1961, alors que le rôle devait revenir à Marlon Brando, David Lean le choisit parmi des dizaines d'acteurs pour incarner l'officier T.E. Lawrence dans Lawrence d'Arabie. Après deux années de tournage pharaonique en Espagne, au Maroc, en Jordanie et en Syrie, le film sort enfin dans les salles et est un succès planétaire. Lawrence d'Arabie remporte cinq Oscars en 1964, dont celui de Meilleur film, tandis que Peter O'Toole, dont on salue pourtant la performance, n'est même pas nommé dans la catégorie « Meilleur acteur ».
Le film pourtant, lui offre l'exposition dont il a toujours rêvé. Dans les années 1960, il enchaîne les rôles au cinéma : il joue Henri II dans Becket (1964) aux côtés de Richard Burton, avant de rejoindre Peter Sellers et Romy Schneider dans Quoi de neuf, Pussy Cat (1965), dont le scénario est signé Woody Allen, puis Audrey Hepburn dans la comédie de William Wyler Comment voler un million de dollars (1966).
Aux fastueuses années 1960 se succèdent la période tourmentée des années 1970. Si Peter O'Toole tourne toujours beaucoup, il est vite rattrapé par ses problèmes avec l'alcool. Il frôle la mort à plusieurs reprises, avant de divorcer en 1979, sa femme Siân Philipps ne supportant plus ses excès.
À partir des années 1980, Peter O'Toole se contente de seconds rôles, sa réputation d'alcoolique ayant considérablement freiné sa carrière. Il joue notamment au mythique roi Priam dans le péplum Troie (2003), puis endosse la soutane du pape Paul III dans la série Les Tudor. Après sept nominations infructueuses aux Oscars, il finit, en 2003, par décrocher la précieuse statuette pour l'ensemble de sa carrière.
L'annonce de sa disparition a suscité de nombreuses réactions. Le président irlandais Michael D. Higgins a salué la mémoire de « l'un des géants du cinéma et du théâtre », tandis que le premier ministre britannique David Cameron a déclaré que « sa performance dans [son] film préféré, Lawrence d'Arabie, était stupéfiante ».
L'acteur et réalisateur Stephen Fry s'est aussi fendu d'un tweet en sa mémoire : « Adieu Peter O'Toole. J'ai eu l'honneur de le diriger sur scène. Un monstre sacré, un érudit, un amoureux de la vie, un génie. »
Oh what terrible news. Farewell Peter O’Toole. I had the honour of directing him in a scene. Monster, scholar, lover of life, genius …
— Stephen Fry (@stephenfry) 15 Décembre 2013
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