Elle était une auteure à succès - sa saga La Bicyclette bleue, son best-seller, s'est vendu à plus de dix millions d'exemplaires - mais elle était aussi l’écrivaine et l’éditrice sulfureuse de textes érotiques, qui plaidaient pour que les femmes vivent librement leur sexualité. À 78 ans, Régine Deforges est décédée jeudi des suites d’une crise cardiaque. Elle venait de publier à l'automne 2013, ses mémoires L’Enfant du 15 août (Laffont, 2013) dans lesquelles elle revenait sur son parcours de libraire passionnée, d’éditrice condamnée et d’auteure sulfureuse.
Née le 15 août 1935 à Montmorillon dans la Vienne, Régine Deforges a longtemps été libraire avant de créer à la fin des années 1960, avec son amant, Jean-Jacques Pauvert, une maison d’édition : L’Or du temps . Estimant qu’il existait trop peu de livres érotiques sur le marché, la jeune femme décide alors d’en faire sa spécialité. Elle défend ainsi un érotisme « libre, dénué de tout sens du péché, joyeux, païen et non pas didactique » et publie en 1968 Le Con d’Irène, un texte attribué à Aragon, qui n’a jamais voulu en assumer la paternité. Il sera saisi comme nombre de ses livres qui font l’objet d’interdictions diverses et de poursuites pour outrage aux bonnes mœurs.
En 1970, acculée, Régine Deforges doit fermer avant de lancer Les Éditions Régine Deforges. « Les livres pour lesquels j’avais été poursuivie, condamnée, étaient publiés dans de grandes maisons et ne faisaient plus l’objet de poursuites. Fini le temps de la clandestinité, de la peur : j’avais fait reculer les limites de la censure», écrit-elle ainsi dans ses mémoires. Romancière à succès, Régine Deforges est aussi l’auteure d’une cinquantaine de livres dont les textes érotiques Les Contes pervers et Lola et quelques autres. Mais on lui doit aussi O m’a dit , un livre d’entretiens avec l’auteur d' Histoire d’O, Blanche et Lucie (où elle évoque ses deux grand-mères) ou encore Le Cahier volé (où elle revient sur son enfance).