Véronique Morali : Depuis maintenant quelques années, les réseaux de femmes se sont progressivement multipliés et diversifiés. Cette évolution a été rendue possible grâce à une prise de conscience politique et économique des enjeux liés à la parité. La publication du Rapport Grésy en 2009 et la loi Copé-Zimmermann sur la représentativité des femmes en Conseil d’Administration en sont l’expression et ont créé un appel d’air. Par ailleurs, la situation de sortie de crise de beaucoup d’entreprises a replacé le facteur humain au cœur des stratégies. Dans ce contexte propice, les femmes ont compris qu’elles avaient un rôle majeur à jouer au sein des entreprises et qu’elles devaient elles-mêmes agir pour faire évoluer les inégalités. Le réseau est apparu comme une réponse utile et efficace aux problématiques de mixité et d’égalité professionnelle homme-femme.
V.M. : La nouvelle génération de réseaux de femmes poursuit plusieurs objectifs : la promotion de la mixité et de l’égalité des chances dans l’entreprise, l’évolution des mentalités et des modes de management afin d’accélérer les carrières des femmes. Les réseaux modernes sont des communautés agissantes. Néanmoins, ces réseaux se heurtent encore souvent à un certain scepticisme, de la part d’hommes qui trouvent que « cela va trop loin », mais aussi de la part de femmes qui craignent d’« être cataloguées féministes », et enfin de la part de Directions Générales qui, bien qu’ouvertes, n’ont pas d’attente vis-à-vis du réseau.
Il est ainsi nécessaire de prouver sans relâche l’utilité de ces outils, démontrer qu’ils créent de la valeur ajoutée pour les femmes et pour les entreprises, qu’ils sont ou peuvent être des forces de proposition et des leviers d’action pour l’entreprise. Il faut aussi garder à l’esprit que pour être efficace et s’inscrire dans la durée, ces structures doivent être très professionnelles.
V.M : La vocation du Women Corporate Directors (WCD) est de réunir les femmes dirigeantes d’entreprise et les former à être administratrices. J’ai ouvert à Paris la première antenne de cette organisation dont j’avais rencontré la fondatrice américaine Susan Stautberg. Plus de 500 femmes ont répondu présentes, grâce à la loi Copé-Zimmermann, elles peuvent prétendre et ont envie de devenir administratrices.
V.M. : Les réseaux vont être confrontés à plusieurs types de défis pour les années à venir : leur structuration par des outils fédérateurs, interactifs et collaboratifs ; la mesure de leur contribution concrète. Il s’agit de mettre en place des tableaux de bord avec des indicateurs précis qui évaluent l’évolution de la place des femmes, des outils de restitution, un suivi de l’égalité hommes-femmes... Il faut également mesurer la « solidarité entre femmes », déterminer si elles s’approprient et s’épanouissent au sein de ces communautés. Cependant le réseau doit aussi se donner du temps pour évoluer. Il a le droit à l’erreur, aux inflexions, au recentrage dans ses missions et objectifs. L’essentiel est qu’il ne soit pas déceptif pour ses membres afin de poursuivre la dynamique. Surtout, ils devront démontrer leur capacité à démultiplier l’efficience des entreprises.
Véronique Morali
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