Sur la vitrine des locaux de la chaîne RFI, à Issy-les-Moulineaux ce matin, on pouvait voir la photo des deux journalistes enlevés et abattus la veille, à plus de 3000 kilomètres de là, à Kidal, alors qu’ils étaient en reportage. Dans le hall de la chaîne, les visages fermés, parfois au bord des larmes, des salariés - journalistes ou non - et un ruban adhésif noir, apposé sur le logo de la chaîne, en signe de deuil.
La chaîne de radio a publié les réactions de l’équipe dirigeante de la chaîne, mais aussi celle des journalistes, employés, techniciens, correspondants, reporters. Pour la directrice du groupe France Media Monde, Marie-Christine Saragosse: « On a peut-être tendance ici à penser que la liberté d'informer, c'est un acquis. Nous, nous savons, sur le terrain, que dans bien des endroits, c'est une conquête et qu'elle est parfois en train de régresser ».
À lire les commentaires des journalistes, on comprend que Ghislaine Dupont et Claude Verlon étaient des journalistes extrêmement expérimentés, et consciencieux. « Un des meilleurs exemples que nous ayons eus à RFI », écrit Olivier Rogez, journaliste au service Afrique. Beaucoup les connaissaient, voire étaient des amis. À l’atterrement, s’ajoute la « colère », terme qui revient souvent au fil des commentaires.
Car l’enjeu sous-jacent, est celui de la nécessité d’informer, en allant au plus près du sujet décrit par les journalistes. Et l’on comprend dès lors que la nouvelle du décès de Ghislaine Dupont et de Claude Verlon, n’est pas seulement une nouvelle extrêmement douloureuse pour le groupe RFI, elle l’est aussi pour l’ensemble de la profession.
Ce que Christophe Deloire, directeur de Reporters sans frontières, résume d’ailleurs très bien dans son commentaire: « Cet assassinat est non seulement un acte criminel mais un acte terroriste, destiné à intimider les regards extérieurs ».