C'est le directeur adjoint de cet établissement renommé qui a eu la lourde tâche d’annoncer la nouvelle, peu après minuit. Richard Descoings, directeur de Sciences Po Paris depuis 16 ans, est décédé mardi à New York. L’homme de 53 ans a été retrouvé mort, nu, sur son lit dans sa chambre de l’hôtel Michelangelo, situé en plein centre de Manhattan. C’est un membre du personnel qui a fait la macabre découverte vers 13 heures, heure locale (18 heures à Paris).
Richard Descoings devait participer hier matin à une conférence à l’université de Columbia, et avait rendez-vous dans le hall de son hôtel à 9 heures. Des collègues, ne le voyant pas arriver à cette réunion des grands leaders d’universités, ont demandé à l’hôtel de vérifier dans sa chambre. Alors qu’il « dormait » aux environs de 10h30, selon le chef adjoint de la police de New York, Paul Brown, « il a été trouvé mort », quelques heures plus tard.
Les hommages politiques se multiplient
Une enquête a été ouverte mardi soir pour comprendre les circonstances de ce décès encore inexpliqué qui a profondément choqué et attristé aussi bien les élèves de Sciences Po que de nombreuses personnalités politiques.
À l’annonce de la triste nouvelle, le président Nicolas Sarkozy a ainsi salué « la carrière exceptionnelle d’un grand serviteur de l’État, qui aura consacré toute sa vie à la cause qu’il s’était choisie et dont rien ne l’avait détourné : l’éducation ». Et d’ajouter : « pionnier de l'ouverture à l'international et de la recherche des nouveaux financements, travailleur infatigable et passionné, il n'a eu de cesse d'inventer en permanence, dans un monde plus volontiers soucieux de ne pas bousculer les habitudes ». Sur les ondes de LCI, le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé s’est, quant à lui, dit bouleversé et très peiné. « Je le connaissais bien. C’était un grand Français qui a transformé, modernisé cette grande école pour en faire une école performante au niveau international. » Candidat centriste à l'Élysée, François Bayrou, a salué en Richard Descoings, « un esprit original et entreprenant qui faisait bouger les choses ». Sur i>Télé, le député et président du MoDem a également rendu hommage à son « style particulier, sa volonté de renouvellement et sa grande énergie ».
Enfin, si le ministre de l’Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, a évoqué la perte « d’un ami » qui a fait prendre à Sciences Po « les grands tournants stratégiques qui s’imposaient », le ministre de l’Éducation Luc Chatel estime que la France vient de perdre « un esprit visionnaire qui par son audace, son énergie et sa capacité à briser les tabous, a révolutionné notre enseignement supérieur et notre conception de l’éducation ».
Un homme de défi
Et pour cause, agitateur d’idées du secteur éducatif, Richard Descoings a fait passer, en quatre mandats, l’école de la rue Saint-Guillaume, qui forme une partie de l’élite française, de 4 500 à 10 000 étudiants en multipliant les réformes : ouverture à des élèves de familles pauvres, aux étudiants étrangers (40 % du total actuel), création de six campus en province et hausse des droits d'inscription tempérée par des bourses, entre autres. Encore récemment, il faisait voter une réforme d'ampleur du concours d'entrée, avec notamment la suppression de l'emblématique épreuve de culture générale.
En 2001, il créait la polémique en ouvrant les portes de cette prestigieuse institution aux élèves de lycées classés « ZEP » (Zone d’éducation prioritaire), et relevait, 8 ans plus tard à la demande de Nicolas Sarkozy, le défi de relancer la réforme des lycées, alors mal acceptée par la communauté éducative.
Un hommage à Richard Descoings sera rendu ce matin aux abords de Sciences Po. Les élèves qui s’étaient spontanément rassemblés devant leur établissement, cette nuit dès l’annonce de la nouvelle, ont également été invités à un moment de recueillement, ce matin, à 9 heures.
Crédit photo : sciencespo.fr
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