Alors que certains professionnels sont sur le Marathon de Paris pour battre des records, que des anonymes y sont pour le plaisir de courir, Sophie Losappio, elle, y sera pour prouver que l'on peut continuer à s'épanouir dans une activité sportive tout en étant mère. En parcourant ces 42,195 km dans les rues de la capitale, la trentenaire deviendra alors la première maman en running poussette.
La coureuse et auteure du blog Sophie maman sportive veut ainsi démonter certains mythes mais aussi faire connaître cette discipline d'un nouveau genre. En vogue dans d'autres pays comme l'Australie ou les Etats-Unis, le running poussette est une activité consistant à courir tout en promenant son enfant.
C'est alors enceinte de son premier enfant que Sophie a eu l'idée de se mettre à cette activité. "Un jour, je suis tombée sur cette vidéo d'un père et de son fils tétraplégique (la Team Hoyt) faisant tous les deux des courses comme la Iron Man. Et je me suis dit que c'était juste génial de transmettre de cette façon son amour pour le sport à ses enfants."
Cette chargée d'expertise et de formation à ERDF est loin d'en être à son coup d'essai. Adepte du running poussette avec sa fille Léonie depuis qu'elle a trois mois, toutes deux s'entraînent plusieurs fois par semaine. "Même si je travaille 32h, je trouve le temps de courir 4 à 5 fois par semaine. Je pense qu'il suffit de vouloir et de trouver la bonne organisation pour mener à bien tous ses projets."
Mais n'en déplaise à certains détracteurs, les entraînements que suit la petite fille ne sont pas aussi draconiens que ce que l'on pourrait croire. "Je l'habitue juste à être dans la poussette tandis que moi, je fais mes sorties run. Mais je ne lui fais pas avaler des kilomètres."
Car le plus gros challenge, même si la jeune femme espère boucler cette course en 4h30, sera de préparer suffisamment sa fille pour qu'elle puisse tenir durant toute la durée de l'épreuve. Se lancer dans un marathon nécessite une organisation sans faille. Et ça, Sophie l'a bien compris. Pour parer à toute éventualité, la maman a mis en place un système de communication avec des drapeaux que sa fille pourra brandir dès qu'elle en ressentira le besoin : pause pipi, faim, soif, fatigue.
Mais derrière cette course, il y a aussi tout un côté éducatif. Pour éviter qu'elle ne s'ennuie et profite aussi de cette course à sa manière, la petite Léonie a préparé avec l'aide de sa mère un exposé qu'elle présentera à ses camarades de classe. Elles ont également travaillé autour des monuments de Paris qu'elles croiseront durant la course.
En France, si ce concept n'est pas très connu, il est encore moins accepté car jugé trop dangereux - le Marathon de Paris sera en effet sa première course officielle en running poussette. "La seule course que j'ai été autorisée à courir avec ma fille a été le Téléthon... Mais cela n'a pas été facile. Ils ont accepté seulement parce que je connaissais l'organisateur", regrette Sophie.
Une situation qui explique sûrement les nombreux refus qu'a essuyé la jeune maman et que peu de partenaires la soutiennent (l'un de ses sponsors est la marque allemande Trends For Kids, spécialiste en poussette sport).
Un refus qu'a du mal à comprendre cette infatigable sportive. "Je n'ai jamais eu de problème que ce soit moi ou mes enfants en faisant du running poussette. Léonie est toujours très contente des sorties en poussette de ce genre. Puis je ne pense pas que que ça soit plus dangereux de courir avec une poussette que marcher en talons hauts en poussant son enfant", nous confie-t-elle.
Si le Marathon de Paris est une première étape, la maman espère pouvoir participer à d'autres courses avec sa poussette et à terme, de démocratiser cette pratique en France et obtenir l'autorisation d'organiser des courses avec d'autres mamans.