Y a pas de mal à se rendre service, surtout quand l'échange se fait entre personnes adultes et consentantes. Impossible de réfuter l'argument de Brandon Wade, le créateur de SeekingArrangement.com, un site de rencontre leader sur son créneau aux États-Unis. Une enquête du Monde.fr s'intéresse à ce business « en pleine expansion outre-Atlantique » qui consiste à mettre en relation des hommes ou des femmes d'affaires fortunés avec des jeunes en quête de cash pour joindre les deux bouts.
Le site lancé en 2005 annonce la couleur de façon plutôt explicite : il promet aux Sugar Daddies (ou Sugar Mommies donc, mais on aura compris que la majorité des couples formés se constituent d'une homme mûr et d'une jeune étudiante) de trouver leur Sugar baby pour entretenir avec elle une relation « mutuellement bénéfique », une sorte de contrat (cet « arrangement » difficile à traduire en français) paternaliste qui lie la belle à son bienfaiteur. Lui, c'est le client, il doit lâcher 50 dollars par mois pour avoir accès au catalogue de jeunes filles. Il est décrit comme le « modern gentleman » : « Vous êtes respectueux et généreux. Vous vivez intensément et vous voulez faire les meilleures rencontres possibles. On peut vous appeler mentor, sponsor ou bienfaiteur. Mais peu importe vos envies, vous avez décidé d'être honnête sur qui vous êtes, ce que vous attendez et ce que vous avez à offrir. »
En face, les jeunes femmes qui postulent sur SeekingArrangement.com n'ont pas de frais d'inscription. Elles sont « belles , intelligentes, ambitieuses ». Étudiantes, actrices, mannequins ou rien de tout ça, il suffit qu'elles soient convaincues qu'elles méritent d'être traitées avec égards, choyées, mises en valeur. Elles recherchent un soutien « moral et financier ».
Le site revendique un millions d'étudiantes abonnées, dont 7000 Françaises. Certaines, interrogées sous couvert d'anonymat par le Monde.fr, affirment gagner entre 3000 et 4000 € par mois, en liquide ou en cadeaux, en cumulant parfois plusieurs bienfaiteurs. En échange de ces largesses, elles entretiennent avec eux une relation suivie, des sorties et des rendez-vous qui mènent en général à une relation sexuelle.
Largement attaqué aux États-Unis, le créateur du site adopte la même posture cynique que le célèbre AshleyMadison, qui propose de pratiquer l'adultère sans danger. Brandon Wade se targue même d'être l'apôtre du couple équilibré, fondé sur l'honnêteté des intérêts des deux parties. Il récuse évidemment les accusations d'encouragement à la prostitution étudiante. Ce phénomène observé aux États-Unis comme en Europe, si compliqué à évaluer, a trouvé là sa forme légale. Aucun juriste américain n'a encore réussi à le faire fermer.
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