Les actrices, victimes de l'âgisme ?
C'est ce qu'affirme une toute nouvelle enquête DisonsDemain & OpinionWay réalisée en septembre 2023 auprès d'un échantillon de 1000 personnes, âgées de 50 ans et plus. Selon cette étude, 49% des sondés considèrent que plus les actrices vieillissent, moins elles sont visibles et valorisées.
Au cinéma en tout cas. Pour près de la moitié des sondés, les actrices de plus de 50 ans seraient effectivement nettement moins sollicitées au sein des productions cinématographiques, c'est un fait.
Plus encore : 65 % des Français interrogés dans le cadre de cette étude considèrent également que les films mettant en vedette des femmes de 50 ans et plus dans des rôles principaux sont "beaucoup trop rares".
Un constat qui fait mal...
L'âgisme, c'est cet ensemble de préjugés ciblant un individu en fonction de son âge avancé. Et plus encore, les femmes. Et les Français le définissent bien lorsqu'ils envisagent la visibilité des femmes à l'écran...
"Après 50 ans, les femmes ont ainsi tendance à disparaître au cinéma ou se retrouvent cantonnées à des rôles stéréotypés", développe à ce titre cette étude DisonsDemain, associant cette assertion à pas moins de... 70% des répondants ! Mais ca veut dire quoi au juste, stéréotypés ? Et bien, que les actrices en question héritent toujours des mêmes rôles, devenus clichés.
C'est à dire que leur âge est systématiquement associé à la maternité, au pouvoir (le fameux stéréotype de la femme forte, sacralisé dans la pop culture), et par extension à l'indépendance. Y'a-t-il un (bon) scénariste dans la salle ? Le public semble en tout cas plus désireux d'originalité, de densité, de complexité. Histoire de ne pas condamner les actrices aux mêmes cadres rigides...
Bien des comédiennes, françaises ou non, s'attaquent de plus en plus au fléau de l'âgisme, qu'elles n'hésitent pas à épingler. Jamie Lee Curtis, Emmanuelle Béart, Julie Gayet, Halle Berry, ou encore Philippine Leroy-Beaulieu, la star flamboyante de la série Emily in Paris. Un vrai enjeu de société.
C'est ce que rappelle Eléonore Quarré, directrice conseil chez OpinionWay : "les femmes de 50 ans et plus subissent une double peine : celle de l'âge et du genre. C'est la collusion entre âgisme et sexisme, et elle entraîne une invisibilisation massive pour les femmes, passé cet âge pivot".
"Malheureusement, cela vaut dans tous les domaines de la société y compris le milieu culturel. Sur petits et grands écrans, on a pu voir de (très) jeunes actrices, jouer le rôle de mères d'acteurs qui avaient 15 ans à peine de moins qu'elles (Rebecca Ferguson – 40 ans, et Timothée Chalamet – 27 ans), voire 2 ans seulement pour Olivia Cooke, 29 ans, qui interprétait la mère de Tom Glynn-Carn dans House of the Dragon, 27 ans".
"L'injonction de la beauté, très présente pour les femmes, demeure associée à la jeunesse (ce qui n'est pas le cas pour les hommes). Ce qui explique que, encore aujourd'hui, les actrices de 50, 60 ou 70 ans peinent à se faire une place : culturellement, elles continuent d'être moins valorisées"