Quand un petit garçon tombe et s'écorche le genou, l'intensité de la douleur est en principe la même qu'une chute similaire éprouvée par une petite fille. Pourtant, la société semble faire une différence entre la souffrance d'un garçon et celle d'une fille. Une différence biologique ? Non, affirme une nouvelle étude publiée dans le Journal of Pediatric Psychology.
Une équipe de scientifiques de l'Université de Yale a observé la manière dont les adultes réagissent lorsqu'ils sont confrontés à la douleur physique d'un enfant. Les participant·es ont été divisé·es en deux groupes. L'expérience a consisté à visionner des vidéos d'enfant.
Le premier film montre une fillette de 5 ans prénommée Samantha, et la seconde un garçon du même âge, Samuel. Les enfants sont chez le médecin et subissent une petite piqûre à l'extrémité du doigt, comme on le fait pour les tests de glycémie.
On a ensuite demandé aux volontaires d'évaluer l'intensité de la douleur que l'enfant a pu ressentir. Le groupe qui connaissait l'enfant comme "Samuel" a estimé que l'enfant souffrait davantage que le celui qui a regardé "Samantha" se faire piquer le doigt. Autrement dit, ils accordaient plus d'importance à la souffrance ressentie par le petit garçon que celle de la fillette.
Les chercheur·euses attribuent cette différence de prise en compte de la douleur en fonction du sexe à des mythes ancrés dans nos sociétés, mais non prouvés scientifiquement. Comme le fait de dire que "les garçons sont plus stoïques" ou que "les filles sont plus émotives".
Cette nouvelle recherche vient étayer les études sur les stéréotypes sexistes et l'évaluation clinique biaisée de la douleur chez les patients adultes, mais n'est que la deuxième du genre à analyser ces questions avec les enfants.
"Tout préjugé dans les jugements sur la douleur en fonction du sexe serait extrêmement important parce qu'il peut exacerber l'iniquité de la prestation des soins de santé. Nous espérons vraiment que ces résultats mèneront à d'autres recherches sur le rôle potentiel des préjugés dans l'évaluation de la douleur et les soins de santé en général", a déclaré Joshua Monrad, co- auteur de l'étude."
En 2015, une étude publiée par la Sécurité sociale anglaise et relayée par le site du Telegraph, a rapporté plusieurs cas de négligence de la part de médecins avec leurs patientes.
Une autre étude dévoilée en 2003 menée par l'Université du Maryland baptisée "The Girl who cried pain" (en français "La fille qui criait 'j'ai mal'"), a révélé qu'un homme se plaignant de douleur abdominale doit patienter 49 minutes en moyenne pour recevoir un traitement, et une femme 65 minutes.