« I have so much cellullite, it’s disgusting » («J’ai tellement de cellulite, c’est dégoutant »), «Whoo ! She’s fat and ugly » (« Elle est grosse et moche ! »), « I hate my body. I give up ». (« Je déteste mon corps, j’abandonne»)… En 2014, cinq millions de messages de ce type ont été postés sur Twitter et huit utilisatrices du réseau social sur dix en ont vu passer au moins un dans leur fil d’actualités. La plupart du temps, ces tweets insultants et critiques envers l’apparence physique des femmes sont postés par les femmes elles-même. Un paradoxe révélateur de la relation conflictuelle que ces dernières entretiennent encore trop souvent avec leur corps. En effet, en 2013 déjà, un sondage exclusif Terrafemina-CSA-20Minutes (réalisé dans le cadre de l'Observatoire Dans le miroir des femmes) révélait que moins de la moitié des Françaises étaient satisfaites de leur corps. Elles n’étaient que 42% dans ce cas, tandis que 26% confiaient ressentir du mécontentement ou de la frustration en croisant leur reflet dans le miroir. Pire, 15% des répondantes n’avaient pas hésité à qualifier leur corps de handicap.
Aussi, afin de changer le jugement très sévère - qui n’est pas propre aux Françaises - des femmes sur elles-mêmes, la marque américaine Dove a imaginé une campagne en coopération avec Twitter. Lancée à l’occasion de la 87e cérémonie des Oscars et baptisée #SpeakBeautiful, elle vise à lutter contre les tweets d'auto-dénigrement qui pullulent sur le site de microblogging.
Pour y parvenir, la marque (qui n’en est pas à son coup d’essai pour encourager les femmes à s’accepter) s’engage à répondre à chaque tweet jugé insultant par un message encourageant et positif. Concrètement, les mots-clés contenus dans le flux de Twitter seront passés au crible par Dove. Quant aux réponses, personnalisées, elles seront rédigées par des coaches en estime de soi.
« Les médias sociaux jouent un rôle non-négligeable dans la propagation d’une certaine image de la femme, et par conséquent dans le regard que ces dernières portent sur elle », a expliqué la chercheuse Danah Boyd au Huffington Post, saluant au passage l’initiative. « Mais les femmes elles-mêmes ne réalisent pas à quel point leur dialogue en ligne contribue au développement de comportements et de mentalités inacceptables envers leur beauté, que ce soit sur la toile ou dans la vie courante », a-t-elle regretté.
Un point de vue partagé par Jennifer Bremner, directrice marketing de la marque de cosmétiques. « Les opinions et les remarques sur le corps sont désormais partagés continuellement, à chaque seconde, grâce au Web. Malheureusement, les internautes n’ont pas toujours conscience de l’impact retentissant du moindre message, du moindre mot. Nous souhaitons donc changer positivement la façon dont les prochaines générations parleront d’elle en ligne. » Et c’est bien là le souhait de Danah Boyd, par ailleurs spécialiste en médias sociaux. « En tant que femmes, nous pouvons et devons être plus réfléchies et attentives à la manière dont nous parlons de nous et des autres sur les réseaux sociaux », a-t-elle tranché. À bon entendeur…