C'est une déclaration polémique d'un médecin qui a remis en lumière cette disposition. Chef de file du principal syndicat de gynécologues, Bertrand De Rochambeau s'était attiré les foudres de quasiment toute la classe politique -y compris le gouvernement- en affirmant qu'il n'est pas là pour "retirer des vies". Et d'ajouter devant la caméra de "Quotidien" : "la loi me protège et ma conscience aussi".
Depuis que l'Interruption volontaire de grossesse (IVG) a été légalisée, la loi pose en effet une clause de conscience qui permet à un médecin de ne pas pratiquer cet acte s'il est contraire à son opinion ou sa religion. Cela pose parfois de sérieux problèmes d'accès à l'avortement comme dans la Sarthe où un hôpital a dû stopper ces actes, trop de médecins mettant en avant leur clause de conscience.
Cette dernière est aujourd'hui dans le collimateur du Parti socialiste. La sénatrice Laurence Rossignol, ancienne ministre des Familles, a choisi ce vendredi de journée mondiale de l'accès à l'avortement pour déposer une proposition de loi qui vise à supprimer cette clause en matière d'IVG.
Cette préconisation a déjà été faite en 2013 par le Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes et en 2015 par le Défenseur des droits. Plus récemment une pétition signée par plus de 40.000 personnes demandait sa suppression.
"La clause de conscience spécifique à l'IVG est un doublon dont la seule finalité est de culpabiliser et dissuader les femmes", dénonce le groupe PS qui veut adresser un message fort "aux adversaires de l'IVG et à la société: le corps des femmes appartient à elles seules".
Cette dernière phrase aurait pu être prononcée par Marlène Schiappa. Seulement la ministre chargée de l'égalité femme-homme n'est pas sur la même ligne que Laurence Rossignol, marquant un clivage au sein du camp féministe sur cette question.
"Je préfère, en tant que femme, que lorsqu'un gynécologue est contre l'avortement, il n'en pratique pas. On sait trop les violences psychologiques et physiques que peuvent ressentir des femmes lorsqu'elles sont en contact avec des médecins qui n'ont pas la volonté de le pratiquer", a-t-elle expliqué sur BFMTV.