Balance ton spot. Pub et féminisme ne feraient pas bon ménage, selon le dernier rapport de l'ARCOM, autrement dit l'Autorité publique de régulation de la communication audiovisuelle et numérique - la fusion entre le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) et la Haute Autorité pour la diffusion des oeuvres et la protection des droits sur internet (Hadopi).
L'organisation a examiné 2 310 publicités diffusées entre octobre 2021 et mai 2022, et son constat est limpide : les pubs qui se succèdent tous les jours sur notre téléviseur seraient encore bien trop sexistes. Non seulement les stéréotypes de genre ne seraient pas rares sur nos écrans, mais plus encore, les femmes seraient encore très, et surtout trop, dénudées et sexualisées... Beaucoup plus que les hommes en tout cas.
En effet, précise le rapport, il y a plus de publicités présentant "uniquement" des femmes sexualisées ou dénudées que de pubs présentant des hommes sexualisés ou dénudés : 49 % pour les unes et 24 % pour les autres. Et ce alors que la nudité à l'écran est en baisse de 2 % par rapport à 2017.
Mais l'Arcom ne s'est pas contentée d'épingler ces contenus qui sexualisent. Elle s'est également penchée sur les "pépites sexistes", pour reprendre l'expression du compte Twitter (féministe) éponyme : cette banalisation des clichés garçons/filles les plus tenaces que nous propose encore la pub...
Concrètement, ça veut dire quoi ? Que la répartition femmes-hommes au sein des différentes catégories de produits est toujours porteuse de stéréotypes de genre : les publicités pour des produits associés à un univers féminin présentent beaucoup plus de personnages féminins et inversement pour les hommes. Par exemple ? Une majorité de femmes se retrouvent dans les pubs pour les produits d'entretien du corps, et une majorité d'hommes pour les jeux d'argent... Pas besoin de mater la téléréalité pour observer ces clichés.
Mais derrière ce côté pubs à papa, un soupçon d'espoir : en 2022, 48 % des sujets abordés par les chaînes d'information portaient sur les violences faites aux femmes. Pus d'un tiers présentaient même des exemples de "solutions aux discriminations faites aux femmes", et notamment des modèles de femmes "brisant les stéréotypes sexistes", se réjouit l'Arcom. Et ce alors que le nombre d'expertes en plateau (47% à la télévision) s'est de nouveau avéré être en augmentation. C'est d'ailleurs le cas chaque année depuis cinq ans.
Et si les femmes politiques sont toujours moins présentes sur un plateau que leurs collègues masculins, on observe désormais du côté des pubs plus de femmes s'adonnant à des activités scientifiques... De quoi lutter contre "l'effet Matilda" : la minimisation ou la négligence chronique du rôle des femmes dans les découvertes scientifiques. Allez, on y croit.