Est-ce la fin des horaires ingérables des employés de ménage ? Le 5h30-8h et 18h-21h a été aboli avec bonheur dans un certain nombre d’entreprises de nettoyage avec la complicité de leurs clients.
Un programme visant à réduire les horaires morcelés des employés des entreprises de propreté fait en effet son chemin depuis quelques années sous l’impulsion de la FEP (Fédération des entreprises de propreté). À Nantes, le syndicat régional des entreprises de propreté a même convaincu les instances politiques de s’engager sur le sujet, et l’expérience pourrait bientôt s’étendre à Rennes et à Brest. Les personnels chargés du nettoyage des bureaux sont en général soumis à des horaires très contraignants, très tôt le matin, et en soirée, pour ne pas perturber le travail des entreprises en journée. La FEP s’attache désormais à promouvoir un autre modèle. « Au lieu de morceler la journée avec une activité de nettoyage tôt le matin et une autre le soir lorsque les salariés de l’entreprise cliente sont absents, il s’agit de convaincre nos clients d’accepter qu’une partie du nettoyage se prolonge pendant l’activité de l’entreprise », déclare la FEP dans un communiqué.
Certaines grandes entreprises comme Bouygues, l’Oréal, Danone, ou des collectivités comme la Mairie de Paris, ont déjà adopté le dispositif, en projet depuis 2007. Dans la pratique, cela se traduit par la prolongation du travail de 6 heures du matin à midi. « Sur les grands sites, nous essayons de remettre des temps-pleins : au lieu de six personnes qui viennent pendant trois heures, on tente d’en faire venir deux à temps-plein », explique Patrice Vuidel, consultant chargé d’accompagner la FEP sur ce projet. L’autre solution consiste à articuler les temps partiels autour de plusieurs employeurs : « Si plusieurs entreprises acceptent les interventions de nettoyage en journée, on gagne en continuité pour l’employé ». Tout l’enjeu consiste à concentrer les activités bruyantes ou gênantes avant l’arrivée des salariés.
Le développement du travail en continu est loin d’être une simple question de confort pour les employés des entreprises de propreté, dont les deux-tiers sont des femmes. Il touche à des questions sociales, sanitaires et psychologiques. Agir sur la fragmentation des horaires, c’est résoudre les problèmes d’accès aux transports en commun à certaines heures, diminuer le nombre de trajets quotidiens, donc agir sur la fatigue, proposer des horaires adaptés aux structures d’accueil des enfants, et surtout réduire au maximum les contrats à temps partiel. Du côté des employeurs, cette nouvelle organisation facilite le recrutement : « Les conditions de travail très difficiles rebutent souvent les candidats en réinsertion ou des femmes avec des jeunes enfants », précise Patrice Vuidel.
Les entreprises qui se sont converties aux horaires en continu dressent un bilan très positif : les employés de nettoyage sont fidélisés et de fait mieux sensibilisés aux problématiques spécifiques de chaque entreprise. « Pour l’instant les prestations qui se passent sur la journée sont tout aussi efficaces que les autres et ne ralentissent pas le travail des salariés de l’entreprise cliente », constate la FEP. Mais Patrice Vuidel note surtout un effet positif sur la reconnaissance de ces employés, « ne voir personne de la journée est très dévalorisant, en travaillant aux mêmes horaires que les autres, ils s’intègrent et désormais ils sont invités aux pots de départ ».
Plus d’infos sur le site de la FEP
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