1. Jessica Jones (saison 1)
Depuis l'apparition de Daredevil sur Netflix en avril dernier, on se doutait que l'association entre Marvel et le service de VOD américain pouvait être diablement plus intéressante que la version grand écran des comics. Jessica Jones fait mieux que confirmer la règle, elle la sublime. Il faut dire que l'héroïne dépeinte ici n'est jamais là où on l'attend. Avant de sauver le monde, elle préférerait se sauver elle-même. Alcoolique, nerveuse, solitaire, elle tente de se remettre d'une manipulation psychologique et physique ultra-violente qui l'a laissée complètement traumatisée. Avant d'être une série de super-héros, Jessica Jones est une série sur les femmes et les violences qu'elles subissent. On nage dans le roman noir plus que dans le fantastique et c'est sacrément bon.
Avec Krysten Ritter, David Tennant, Mike Colter, 13 épisodes, disponible sur Netflix France
Penny Dreadful est une série dont on parle peu de ce côté-ci de l'Atlantique. Pourtant, elle est aussi puissante sur le fond que dans la forme. Il y a l'intrigue d'abord : un conte horrifique dans lequel Eva Green prête ses traits à une puissante sorcière dont toutes les créatures terrestres et surnaturelles semblent vouloir se délecter. Puis les images : un Londres victorien sublimé, des robes corsetées élégantes, des couleurs froides mais intenses. Créée par John Logan (qui en scénarise chaque épisode), Penny Dreadful s'est dévoilée lentement au cours de sa saison 1 avant de déployer toute sa grandeur dans sa saison 2. Plus consistante, plus intense, plus addictive aussi, cette nouvelle salve d'épisodes a su développer pour de bon sa propre mythologie. Vivement 2016.
Avec Eva Green, Timothy Dalton, John Hartnett, 10 épisodes, disponible sur Netflix France
On avait rarement vu une sitcom aussi en phase avec son époque. Aziz Ansari (également co-créateur de la série) interprète Dev, un acteur de seconde zone new-yorkais qui cristallise à lui tout seul les peurs et les questionnements de la génération Y. Dev fait face au racisme ordinaire, il se demande où est sa place en tant que fils d'immigrés, il est amoureux mais ne sait pas s'il veut s'engager pour la vie, il ne veut pas croire que les femmes soient encore et toujours victimes de sexisme... Si Master of None n'a pas eu droit à la même promotion que Jessica Jones lors de son lancement en novembre dernier, cette série n'en reste pas moins une petite pépite. Drôle mais jamais lourde, intelligente mais jamais donneuse de leçons, tout simplement cool, cette série est follement attendrissante, et on le doit autant à ses intrigues qu'à sa galerie de personnages.
Avec Aziz Ansari, Noël Wells, Eric Wareheim, 10 épisodes, disponible sur Netflix France
Est-ce exagéré de dire que cette deuxième saison de The Leftovers est l'une des meilleures deuxièmes saisons de série jamais réalisées ? Sans doute, et pourtant. Intrigante et bouleversante, drôle et surprenante à chaque épisode, ce nouvel effort de Damon Lindelof et Tom Perrotta réussit là où il avait en partie échoué l'an dernier : nous émouvoir du sort de ces personnages totalement désoeuvrés après que 2% de la population mondiale eurent soudainement disparu. En transportant l'intrigue à Jarden, petite ville texane miraculeusement épargnée par le Départ Soudain, la saison 2 de The Leftovers questionne notre rapport intime à la religion, à la mort, à la famille et à l'amour. Le tout sans jamais verser dans le pathos ni la facilité. Signe de ce renouveau salutaire de la série, son superbe nouveau générique qui réussit même à nous faire aimer une obscure chanson country des années 90.
Avec Justin Theroux, Carrie Coon et Liv Tyler, 10 épisodes, Saison 1 diffusée sur Canal+ Séries et saison 2 sur OCS City.
Les adieux à Don, Peggy, Roger et les autres étaient prévus de longue date, mais on avait peur. Matthew Weiner était-il capable de donner aux fans de Mad Men la fin qu'ils attendaient ? Que ces derniers se rassurent. Les sept derniers épisodes qui servent d'épilogue closent à merveille cette série qu'on a chérie depuis tant d'années. Plus qu'une grande fresque de l'Amérique des sixties, Mad Men est avant tout une formidable radiographie des rapports humains. Et si l'on n'a pu s'empêcher de verser une larmichette en songeant que jamais plus on ne recroisera la route de ses personnages tout à tour odieux et attendrissants, c'est avec le coeur léger qu'on leur dit adieu, car tous ont eu la fin de l'histoire qu'ils méritaient.
Avec Jon Hamm et Elisabeth Moss, 7 épisodes, disponible sur Canal +
Injustement oubliée de tous les tops de séries, The Americans mérite pourtant amplement de figurer sur la troisième place du podium. Dans cette troisième saison, l'intrigue tourne moins autour des activités clandestines d'Elizabeth et Philip Jennings que du drame qui se noue au sein de leur propre foyer : leur fille Paige va-t-elle découvrir qu'ils sont en réalité des agents du KGB et faire valser leur double identité ?
Avec Keri Russell et Matthew Rhys, 13 épisodes, disponible sur Canal+ Séries et Paris Première
Autre excellente surprise de 2015 : la troisième saison d'Orange is the New Black. Plus enlevée que la saison 2, cette nouvelle mouture renoue avec l'essence comique de la série. Servie par des actrices exceptionnelles, cette saison 3 se paye de luxe d'être émouvante juste ce qu'il faut pour nous faire espérer le meilleur en 2016.
Avec Taylor Schilling et Laura Prepon, 13 épisodes, disponible sur Netflix France
Après le film franchement loupé avec Ben Affleck, on pouvait craindre le pire au sujet de ce bon vieux Daredevil. Et pourtant, la série créée par Drew Goddard a prouvé que ce personnage pouvait nous en mettre plein les yeux. Évidemment, la série pourra remercier encore et encore la magistrale prestation de Vincent D'Onofrio qui offre à la série ses meilleurs moments. Vivement la seconde saison.
Avec Charlie Cox, Vincent D'Onofrio, Rosario Dawson, 13 épisodes, disponible sur Netflix France
En cette fin d'année, c'est incontestablement de Jessica Jones (héroïne pourtant peu connue avant cela) dont tout le monde parle. Et ce n'est pas pour rien puisque la première saison de cette série est maîtrisée de bout en bout. Stressante et oppressante au possible, la nouvelle-née de chez Netflix est une série noire qui se déguste avec beaucoup de plaisir. Mention spéciale à un David Tennant glacial et pervers à souhait qui a su totalement faire oublier le gentil Doctor Who.
Avec Krysten Ritter, David Tennant, Mike Colter, 13 épisodes, disponible sur Netflix France
Souvent critiquée ou laissée de côté, la série Wayward Pines est pourtant une belle réussite. Adaptée d'une trilogie de romans, elle nous plonge dans un monde où le fantastique côtoie le réalité pour mieux nous perdre. Imparfaite, mais avec un casting trois étoiles, Wayward Pines se révèle plus addictive que l'on pourrait le croire. Une seconde saison est d'ailleurs prévue.
Avec Matt Dillon, Carla Gugino, Juliette Lewis, 13 épisodes disponible sur Canal +
Une saison 2 qui a réussi un double exploit : celui de surpasser la première (fait assez rare pour être souligné- coucou, le fiasco True Detective saison 2), et livrer 10 épisodes d'une perfection absolue, sans la moindre fausse note, de son season premiere stupéfiant d'audace au season finale crève-coeur. Une saison resserrée autour d'une poignée de personnages sidérés à la psyché brisée, tentant de reprendre pied dans un paradis artificiel après la disparition de 2% de la population mondiale. Sublimée par sa narration elliptique, cette saison 2 compose, pièce après pièce et avec une subtilité folle, un puzzle d'une poésie à pleurer (l'épisode centré sur le révérend est à ce titre l'une des choses les plus magnifiques qu'il m'ait été donné de voir cette année). The Leftovers, la meilleure série que personne ne connaît ? Incontestablement. Mieux : un vrai miracle télévisuel, dont chaque épisode se conserve précieusement comme un secret et nous ceint le coeur et l'âme longtemps, très longtemps après.
Avec Justin Theroux, Carrie Coon et Liv Tyler, 10 épisodes, Saison 1 diffusée sur Canal+ Séries et saison 2 sur OCS City.
2. Mad Men (saison 7)
Dans un coup de foudre, le timing est essentiel, sinon capital. J'avais commencé Mad Men, j'avais décroché. Pas le bon moment. Encouragée par mes collègues (merci Charlotte et Ariane), j'ai bingewatché compulsivement sept saisons en deux semaines. Et j'ai irrémédiablement succombé. J'ai voulu piquer l'intégralité de la garde-robe de Joan, j'ai bu 1000 verres de whisky avec Peter, j'ai brainstormé le nouveau slogan de la campagne Popsicle avec Peggy, j'ai enlevé mes chaussures en pénétrant dans le bureau de Bert, j'ai frémi pour Betty, j'ai dansé avec Roger jusqu'au petit jour. Et j'ai frissonné d'émotion quand l'irrésistible Don m'a souri avant de me quitter. Oui, j'ai aimé Mad Men avec passion.
Avec Jon Hamm et Elisabeth Moss, 7 épisodes, disponible sur Canal +
Si le pitch de Mr Robot semblait annoncer un énième show décérébré pour teenagers (un jeune hacker antisocial et anar qui travaille pour une firme spécialisée dans la cyber-sécurité se fait approcher pour attaquer une holding surpuissante), la série de USA Network s'est révélée être l'une des surprises les plus réjouissantes de l'année. Visuellement époustouflante, narrativement couillue et transcendée par une B.O. explosive, cette série parano m'a immédiatement happée. Parmi les très bonnes surprises de cette fable dark, politique et ultra-moderne, le casting aux petits oignons. Rami Malek, sa capuche, son regard fantomatique et sa voix lancinante, le so 90's Christian Slater qui m'avait bien manqué et surtout le glaçant Martin Wallstrom, à qui je décerne la palme du "Pire-et-donc-meilleur-méchant-de-série-depuis-un-bail".
Avec Rami Malek, Christian Slater, Carly Chaikin, 10 épisodes, inédite en France, diffusé sur USA Network
Ils ont échoué au pied du podium, mais c'était drôlement bien quand même : Game of Thrones (saison 5), Looking (saison 2), The Affair (saison 2), Narcos (saison 1), You're The Worst (saison 2)...
Quand on parle d'amour à la télé, difficile de ne pas tomber dans la niaiserie ou la sitcom potache. Mais avec You're The Worst, on assiste à une réinvention totale du genre puisqu'elle aborde la question du couple, de l'amour et de l'engagement sous un angle nouveau : celui de ceux qui ont perdu toute illusion et qui fuient les responsabilités comme la peste. On assiste donc à l'idylle bancale de deux personnages qui ne savent pas trop où ils nagent et qui peinent à se trouver tant sur un point personnel que dans leur relation amoureuse. C'est aussi une des séries qui aborde le mieux la question de la dépression, sans tomber dans le fatalisme ou les clichés, et ça fait du bien.
Avec Aya Cash, Chris Geere, Desmin Borges, Kether Donohue
Après American Horror Story, qui a entamé cette année sa cinquième saison, Ryan Murphy et Brad Falchuk ont de nouveau allié leurs forces pour créer une nouvelle série sur fond d'horreur, intitulée Scream Queens. Et si American Horror Story brillait déjà par son absurdité et ses délires poussés à l'extrême, Scream Queens bat tous les records en matière de second degré en proposant une ambiance de slasher survitaminé alliant hémoglobine et dialogues parodiques sur un campus américain aussi fantasmé que déjanté. Il faut se laisser aller et ne pas chercher à rationaliser, et ensuite ça va tout seul.
Avec Emma Roberts, Jamie Lee Curtis, Abigail Breslin, Joe Jonas
On reste dans l'horreur avec une vision un peu plus sentimentale puisqu'iZombie n'aborde pas la question des morts-vivants de façon classique. Cette adaptation de comics raconte l'histoire de Liv, une jeune femme qui se retrouve contaminée par un virus zombie à une soirée et qui voit sa vie basculer du jour au lendemain. Si pour le commun des mortels, elle a tout d'une vivante, son corps est en réalité bien différent, sans parler de son goût pour les cerveaux humains. Petit plus : chaque cerveau qu'elle déguste vient avec son lot de souvenirs ayant appartenu à la personne décédée. Résultat, avec l'aide d'un flic elle enquête sur des homicides en se faisant passer pour une voyante. Rajoutez à ça une bonne dose de drame sentimental et de relations compliquées et vous obtenez la parfaite comédie romantique à la sauce zombie !
Avec Rose McIver, Malcolm Goodwin, Rahul Kohli. Saison 1 diffusée sur France 4 depuis le 27 novembre
Après une saison 2 aussi trépidante que sombre, Orange Is The New Black renoue avec la comédie dans cette saison 3 tout en continuant subtilement à dénoncer le système carcéral aux Etats-Unis et en particulier les dangers de la privatisation des prisons américaines. Ce qui fait encore une fois la force de cette série, c'est la galerie de personnages aussi drôles qu'émouvants. Même Pennsatucky, l'ex-white trash qui sadisait Piper, prend une nouvelle dimension dans cette troisième saison pleine d'amour et de compassion. Un bijou de série.
Avec Taylor Schilling, Laura Prepon, Laverne Cox, Uzo Aduba. Toutes les saisons sont disponibles sur Netflix.
Après une première saison marquante, The Leftovers a pris un nouveau virage complètement inattendu pour cette suite qui prend ses libertés avec le roman de Tom Perotta. Sans se soucier de la désertion des téléspectateurs américains et des audiences moribondes, Damon Lindelof et son équipe poursuivent leur récit poignant montrant une humanité en deuil et en proie au doute. C'est terriblement émouvant et cathartique à la fois. ll y a fort à parier, comme le disent déjà de nombreux critiques américains ébaubis par tant de beauté, que dans quelques années, cette série aura le même statut d'objet télévisuel culte que The Wire.
Avec Justin Theroux, Carrie Coon, Liv Tyler. Saison 1 diffusée sur Canal+ Séries et saison 2 sur OCS City.
Toutes les bonnes choses ont une fin, et après huit années, Mad Men s'est finalement achevée. Alors que les premiers épisodes de la deuxième partie de cette saison 7 étalée sur deux ans laissaient penser que Don avait renoué avec ses fantômes, Matthew Weiner est parvenu à trouver un dénouement non seulement satisfaisant mais délicieusement ironique. Un sommet télévisuel à voir et revoir.
Avec Jon Hamm, Elisabeth Moss, John Slattery.