Alors que l'industrie de la mode semble peu à peu s'ouvrir à la diversité des corps, elle reste encore massivement ancrée dans l'idéal de la minceur. Signe des temps : de plus en plus de mannequins décident de parler des mauvaises expériences qu'elles ont vécues ou de la pression que cet univers exerce sur eux pour perdre toujours plus de poids. C'est le cas de Bridget Malcolm, une Australienne de 26 ans, qui a foulé le podium de la marque Victoria's Secret en 2015 et 2016.
La jeune femme s'est publiquement excusée d'avoir promu un régime complètement inadapté pour rester en bonne santé : "Je voudrais reconnaître et m'excuser de certaines choses que j'ai écrites et dont j'ai parlées ces dernières années. Je pensais sincèrement que ce que je faisais était la bonne chose pour ma santé et mon bien-être. Je sais que j'étais complètement dans les profondeurs de la dysmorphie du corps et cela m'inquiète vraiment de ne pas avoir été un modèle positif pour les autres."
Dans son post, la jeune femme explique qu'elle n'a jamais menti sur ce qu'elle mangeait et qu'elle croyait réellement aux conseils qu'elle prodiguait sur ce qu'elle mangeait et notamment les quantités qui, à ses yeux, étaient énormes alors que cela était loin d'être le cas : "Quand je donnais des interviews et discuter de mon régime alimentaire, je croyais vraiment que manger principalement des légumes et des milkshakes protéinés était bien."
En plus de son régime, le mannequin s'imposait près de deux à trois heures de sport par jour. De là est née une véritable anxiété par rapport à la nourriture. Devoir manger quelque chose qui n'était pas inclus dans son programme la rendait angoissée et elle n'arrivait pas à calmer ce sentiment tant qu'elle n'avait pas terminé son entrainement sportif. Et pour cela, elle était prête à tout : "Si je devais me réveiller à 5 heures du matin, j'allais à la salle de sport à 3h30. Si mon vol atterrissait à 20h, j'y étais à 21h."
Une attitude révélatrice de la dysmorphie du corps qu'elle qualifie de "terrifiante". "J'avais recours à un régime si extrême et m'entraîner tellement dur parce que quand je regardais dans le miroir, je voyais quelqu'un qui avait besoin de perdre du poids me regarder", explique-t-elle. Elle a ensuite commencé à voir un décalage se créer entre la sphère privée et publique : "J'avais véritablement conscience de la dissonance entre la réalité de ma vie et de la personne publique que je montrais. Cela m'a vraiment rendu malheureuse et pour cela je suis reconnaissante parce que c'est à travers cette gêne que je m'en suis sortie."
Suite à cette prise de conscience, elle a fait un énorme travail sur elle-même. Elle a commencé à remanger normalement et s'est imposée d'arrêter de s'entraîner comme elle le faisait. Ainsi, pendant quelques mois, elle a simplement marché. Elle a donc commencé à prendre un peu de poids et au fur et à mesure, l'anxiété qu'elle ressentait causée par ces changements drastiques de vie a commencé à s'estomper et complètement disparaître. "Même si la Bridget d'il y a un an et demi aurait été horrifiée que je me sois 'laissée aller', pour la première fois je voyais mon propre reflet dans le miroir. Et pour la première fois que je puisse me rappeler, j'aime mon corps."
Ce n'est pas la première fois que l'Australienne se fait remarquer pour ses déclarations sur le monde de la mode. Le 12 mars 2018, sur son blog, elle racontait son chemin jusqu'à l'acceptation de son corps. Le lendemain, elle postait une ancienne photo sur son compte Instagram : "Cette fille n'est pas grosse. Je me rappelle que quand cette photo a été prise, on m'avait dit que je devais perdre du poids. Ce n'était pas la première fois et pas la dernière. C'est toujours amusant d'essayer d'agir comme si on avait confiance en soi et que l'on était heureuse en maillot de bain quand on fait la guerre à son corps..."
Il semblerait que Bridget Malcolm soit déterminée à devenir un véritable exemple du body-positive pour tous ses followers. Dans son dernier post, elle a d'ailleurs expliqué : "Je veux que vous sachiez tous que j'ai l'intention d'utiliser cette plateforme aussi consciemment que possible à partir de maintenant. Je ne veux plus faire de recommandations néfastes. Je ne veux dire que la vérité."