Samedi 3 août, à El Paso, ville du Texas frontalière avec le Mexique, une tuerie de masse a été perpétrée dans un centre commercial bondé. Bilan : 22 personnes assassinées par le terroriste, un Américain suprémaciste blanc du nom de Patrick Crusius, âgé de 21 ans. L'homme s'est rendu sur les lieux du crime armé d'un AK-47, un fusil d'assaut facile à se procurer aux Etats-Unis. Dans des textes qu'il a publiés avant le massacre sur les réseaux sociaux, il décrit sa haine des "populations hispaniques" qui peuplent la région - et la ville à 83 %. De l'autre côté du pays, à Dayton, en Ohio, 9 personnes ont également perdu la vie dans une fusillade du même acabit, à quelques heures d'intervalle.
Deux attentats quasi simultanés qui portent le chiffre des tueries de masse à 255 cette année aux Etats-Unis, selon le Huffington Post, et ce en 217 jours depuis le 1er janvier 2019. Deux attentats qui lancent, une fois de plus, le débat de l'accès aux armes à feu dans le pays. Grande bataille du partie démocrate, le fait d'imposer des règles strictes sur leur usage demeure un sujet sensible outre-Atlantique, notamment à cause du 2nd Amendment, qui stipule que tout Américain·e est en droit de détenir des armes pour former une milice et se protéger. Un texte datant de 1791 auquel de nombreux.ses ressortissants sont toujours très attaché·es, près de 230 ans plus tard.
Au lendemain de l'attaque du Texas, le dimanche 4 août, Donald Trump a posté un message sur Twitter, média qu'il affectionne particulièrement : "La fusillade d'aujourd'hui à El Paso, au Texas, n'était pas seulement tragique, c'était un acte de lâcheté. Je sais que je me joins à tout le monde dans ce pays pour condamner l'acte haineux d'aujourd'hui. Il n'y a pas de raisons ou d'excuses qui justifieront jamais de tuer des innocents... Melania et moi envoyons nos pensées les plus sincères et nos prières au grand peuple du Texas." Un post qui n'a pas manqué de faire réagir, et notamment Rihanna.
La chanteuse, qui a toujours évoqué sa fervente opposition au président des Etats-Unis, a ainsi exprimé sa révolte face aux propos du chef d'Etat sur Instagram : "Vous avez mal écrit 'terrorisme' ! Votre pays a subi deux attentats terroristes consécutifs, à quelques heures d'intervalle, faisant près de 30 morts innocents." Elle enchaîne ensuite sur le sujet du gun control, pointant l'absurdité, selon elle, de la facilité d'accès aux armes, quand on la compare à celle à un titre de séjour, par exemple : "Imaginez un monde où il est plus facile d'obtenir un AK-47 qu'un VISA ! Imaginez un monde où ils construisent un mur pour garder les terroristes EN AMÉRIQUE !!!!!!". Un constat glaçant.
Si lors d'un discours médiatisé, lundi 5 août, Donald Trump a condamné le suprémacisme blanc qui a motivé l'acte de Patrick Crusius, le président des Etats-Unis a toutefois accusé un autre facteur que l'accès aux armes : "l'idéalisation de la violence aux Etats-Unis", nourrie selon lui par les réseaux sociaux et les jeux vidéo. Il affirme qu'internet a radicalisé les "esprits perturbés", comme le rapporte Franceinfo. Si l'on suit son raisonnement, le problème ne vient donc pas du fusil d'assaut, ni du pistolet, mais de la santé mentale de leurs propriétaires et des jeux vidéo sur lesquels de nombreux adolescents passent des heures.
Pour Hillary Clinton, le chef d'Etat est à côté de la plaque. "Les gens ont des troubles mentaux dans tous les pays et les gens jouent aux jeux vidéo dans tous les pays. La différence, c'est les armes à feu", réplique-t-elle à son tour sur Twitter. Donald Trump a également mentionné qu'il supportait les "red flag laws", des lois qui permettent aux citoyen·nes jugeant qu'un proche a un comportement alarmant de déposer un recours en justice pour qu'il ou elle ne puisse plus posséder d'armes. Déjà en vigueur dans 17 états américains, dont la Californie, elles n'ont cependant pas empêché un homme d'abattre 3 personnes dont deux enfants lors d'un festival à Gilroy, le 28 juillet.
Depuis les deux fusillades de ce week end, 4 autres ont été recensées dans le pays.