Une femme assassinée car elle est une femme.
C'est là la définition du "féminicide", fléau qui en dit long sur la banalisation des violences de genre en général et en appelle à des mesures immédiates de la part des gouvernements. Cette logique de l'action est très concrète dans un pays référent comme l'Espagne, où depuis des années violences conjugales et féminicides sont prises en compte à travers un budget conséquent.
Mais l'enjeu est bien moins considéré ailleurs... En Inde par exemple. Pour qui s'y intéresse, l'actualité nous rappelle régulièrement à quel point filles et femmes y sont les premières cibles des discriminations, de la stigmatisation, des violences sexistes et sexuelles.
Et un nouveau scandale secoue justement le pays depuis quelques jours. Une affaire qui le bouleverse, suscitant alertes militantes et plus encore, manifestations citoyennes dans les rues.
A savoir ? Le meurtre d'une jeune médecin, dont la corps a été retrouvé le 9 août dernier dans une salle de réunion. Elle a été violée, puis assassinée. Le corps, lors de sa découverte, était mutilé.
En Inde, c'est l'indignation...
Manifestations et grèves ponctuent le pays après le viol et le meurtre de cette médecin. Pas moins de dix jours de mobilisations citoyennes de cette colère, qui comme nous l'apprend France Inter dans ce reportage prennent aussi bien place au sein du milieu médical qu'en dehors : des dizaines de milliers d'Indiens crient effectivement leur colère dans différentes villes du pays.
Par-delà la réalité de ce meurtre, affaire qui a rapidement été prise en mains par la Cour suprême, c'est l'impunité des agresseurs et auteurs de féminicides que les citoyens dénoncent par ces démonstrations massives. Un sentiment de "plus qu'assez" traverse ces manifestations.
Emoi fort logique qui éclot de l'impression que malgré les mobilisations, les peines encourues et les bouleversements féministes de ces dernières années, ces violences perdurent. Tel que le relate encore Radio France, 31 000 viols auraient été encore dénombrés en Inde l'an dernier alors que le taux de condamnation des auteurs reste quant à lui de moins de 30 %.
Faut-il y voir là le signe d'une société profondément patriarcale ?
Pour rappel, l'an dernier encore, Jayna Kothari, une avocate à la Cour suprême s'alarmait de "la montée des violences" en Inde. Agressions sexuelles, violences physiques, humiliations diverses...
Sans compter le nombre de sujets qui suscitent tabous et superstitions, comme les menstruations, source de complexes, de stigmatisation et bien souvent, de violences.
"Au cours des 10 dernières années, nous avons été témoins de meurtres horribles et d'incidents violents. L'intensité des crime, la fréquence des crimes et la brutalité des crimes ont augmenté. Ils se poursuivent et aucune mesure visible n'est prise. En Inde, les gens ne veulent toujours pas parler de violences conjugales par exemple", dénonce Jayna Kothari, évoquant de nombreux faits divers de l'époque.
Le National Crime Records Bureau national rapporte à l'unisson dans un rapport accablant une augmentation de 87 % (!) des crimes contre les femmes, entre 2011 et 2021. Jayna Kothari, toujours, en 2023 : "J'observe une apathie sociétale envers la violence contre les femmes et les filles, ou pire, une acceptation".
Des propos encore d'actualité ?
Bien des citoyens semblent l'affirmer aujourd'hui.