"On était malheureux pour elle !"
C'est une première ! Florence Foresti vient d'être sacrée humoriste de l’année lors des Auguste de l’humour, une cérémonie qui sacre les cadors du rire. La personne la plus drôle de France est donc une femme, et pas n'importe laquelle - quand bien même certaines de ses prises de parole récentes ont pu faire grincer des dents, question féminisme. Cependant, si elle suscite l'amusement sur scène depuis 20 ans, la stand up artist n'est pas forcément toujours feel good en coulisses.
La preuve ? Comédies Club, l'excellent podcast du journaliste Jérôme Lachasse pour BFM TV, nous dévoile les coulisses très, très tumultueux de la superproduction qui aurait pu ériger l'humoriste en actrice de renom : Hollywoo. Comédie à l'américaine où la star côtoie Jamel, au sein d'un road trip burlesque direction Los Angeles, auréolé d'un budget plus que confortable de 15 millions d'euros. A l'arrivée, de grosses réserves de la part de la critique, mais surtout, les nerfs très malmenés de son interprète principale... Qui sur le plateau, a beaucoup souffert.
Mais pourquoi donc ?
Au micro de Jérôme Lachasse, on entend le metteur en scène du film, Frédéric Berthe, révéler un autre visage de Florence Foresti.
Aux commandes de cette production StudioCanal, le réalisateur se lance en ce tout début des années 2010 dans une aventure folle. Et pas dépourvue d'ambition par delà ses moyens. Notamment car pour raconter cette ubuesque histoire d'une comédienne de doublage (Foresti, donc) partant pour Hollywood (d'où le titre) afin de sortir de sa retraite la star américaine à laquelle elle prête sa voix, Berthe pensait pouvoir convaincre... Et bien, Jennifer Aniston en personne, de prêter ses traits lors d'un caméo à l'Américaine en question. Ce qui n'arrivera pas. Presque logiquement.
Mais par-delà ces balbutiements, c'est durant le tournage que la tension monte.
Car si elle se sent en confiance auprès du metteur en scène, qui accepte les impros, et de Jamel, qui l'épaule, Florence Foresti va souffrir d'énormes doutes. A propos d'elle-même et de ses capacités. "Forcément il y avait une pression parce qu'il faut ramener un film, il faut que ça fasse marrer. Donc Florence était tout le temps très concentrée, très tendue", confesse le metteur en scène, avouant même : "En fait, elle l'a vécu un peu dans la souffrance ce film... Sur le tournage, on était malheureux pour elle. Elle était gentille avec tout le monde. Mais on sentait que ça n'allait pas bien"
"Florence avait plein de doutes..."
Le pic de ce quasi burn out aux airs de crise de panique prend place lors du tournage d'une séquence cruciale et spectaculaire, sur le parking du Dodger Stadium, le mythique stade de baseball californien. Ce jour là, l'humoriste se sent particulièrement mal. "Elle est dans sa loge, elle n'arrive pas à sortir, elle a des angoisses... Elle n'est vraiment pas en forme !", se souvient Frédéric Berthe. Tant et si bien que les angoisses en question se propagent au sein de l'équipe : la star va-t-elle finalement parvenir à jouer ? La scène exigeant moyens, temps et attention. Sans forcément une infinité de prises permises.
Heureusement, tout est presque bien qui finit bien : "On attend. Puis elle finit par sortir. Elle s'excuse. Elle est désolée... Et finalement on a fait la séquence en 2 heures", relate Frédéric Berthe.
Si le tournage parvient à s'achever sans trop de dommages, le cinéaste en tirera cependant un dialogue doux amer qui résume cette atmosphère pesante pour Florence Foresti : "Le dernier jour je lui ai dit : c'est dommage parce que j'ai l'impression que tu n'as pas suffisamment profité... J'espère que tu n'es pas trop passé à côté. Et Florence m'a répondu : Non, pas trop, mais un peu quand même !"
Il n'est pas rare que des films les plus insouciants - en apparence - émanent angoisses, mal être, voire souffrance. Surtout quand il est question d'actrices, cristallisant d'emblée pressions, remarques, injonctions diverses. On se souvient à ce titre de ces mots durs d'Ophélie Winter à propos de ce film malaimé mais (cu)culte.