Les tenues des femmes font le bonheur de la presse mode et people. Si résumer une femme à ses vêtements est un grand classique sexiste, l'évolution des codes vestimentaires représente un prisme intéressant pour saisir les changements des rapports au sein de la société. Et aujourd'hui, on a bien l'impression que les femmes d'influence ont opté pour un nouvel uniforme : la veste en cuir.
Le sujet a d'ailleurs été évoqué par Fortune, dans un papier qui décrivait la tendance chez les PDG américaines. Mary Barra, Présidente Directrice Générale de General Motors, Ginni Rometty, PDG de IBM et Adena Friedman, PDG du Nasdaq, avaient toutes laissé tomber le traditionnel tailleur pour enfiler un perfecto bien taillé.
En regardant de notre côté de l'Atlantique, on a remarqué un phénomène similaire. Dernièrement, plusieurs femmes politiques ont tombé le blazer classique pour le blouson lisse.
Ainsi, on note parmi les adeptes Nathalie Loiseau, probable tête de liste LREM aux élections européennes et ministre des Affaires européennes, Christine Lagarde qui, si elle a passé le plus clair de sa carrière aux Etats-Unis, a tout de même hérité du French flair et Brigitte Macron, qui oeuvre au quotidien aux côtés de son président de mari qu'elle conseille en permanence. Cette dernière a notamment participé à la création du Secrétariat d'Etat à la protection de l'enfance.
Mais alors pourquoi ce changement vestimentaire et surtout, doit-il être relevé ? Quand on y réfléchit, on peut choisir de n'y voir qu'une envie de moderniser une garde-robe cantonnée aux costumes classiques, ou un message plus symbolique.
A travers le blouson en cuir et le perfecto, dont les origines punk sont difficiles à ignorer, les femmes de pouvoir pourraient faire passer une envie de progrès, un besoin de couper les ponts avec un monde conservateur qui attend d'elles qu'elles se fondent dans le moule. Et un appel à l'empowerment.
"C'est un code pour exprimer la puissance, la force, la résistance. C'est un peu subversif", affirme Emma McClendon, conservatrice adjointe des costumes au Musée au FIT, à Fortune.
Ainsi, la fondatrice de Framebridge, Susan Tynan, a levé 67 millions de dollars pour sa start-up, le tout en blouson en cuir. Elle confie à Fortune : "Je ne voulais par porter un costume et je ne voulais pas porter un sweat à capuche. Il n'y a aucune règle vestimentaire qui dicte ce qu'une femme doit porter lorsqu'elle fait une présentation. Je voulais porter quelque chose qui en imposait et qui me posait comme quelqu'un qui est capable de relever ses manches."
Il s'agit également d'une matière luxueuse qui a séduit les plus hautes sphères de la mode ces dix dernières années. Un vêtement qui s'est répandu à tous les niveaux de la société, qui reste habillé tout en apportant un effet décontracté. Conserver l'allure en capitalisant sur le côté "normal", proche du peuple et donc des réalités ?
Si ce dernier point se discute, la veste en cuir symbolise l'affranchissement des codes et le sentiment de pouvoir au sein des élites. Et on est à deux doigts de sortir le nôtre du placard pour négocier notre augmentation.