Ce sont des faits accablants que relate cette enquête de Franceinfo : le professeur de gynécologie et chef du centre endométriose de l'hôpital Tenon à Paris fait l'objet de nombreuses accusations de violences émanant de plusieurs patientes. Une enquête interne a été initiée au sein de l'établissement hospitalier.
"Il est arrivé et a inséré directement un spéculum de manière extrêmement violente, sans lubrifiant. J'ai poussé un cri, je savais que j'étais en train de saigner. Il a dit alors qu'il allait procéder à un toucher rectal. Je lui ai dit : 'non, non, pas de toucher rectal, je viens d'être opérée d'un abcès de la marge anale.' Il ne me regarde pas et insère deux doigts dans mon anus, et je sens toutes les sutures qui craquent", témoigne Agnès (prénom modifié) à Franceinfo, décrivant "une douleur absolument fulgurante". Agnès aurait hurlé et se serait débattue.
"Lorsque l'on pénètre une femme sans son accord, cela s'appelle une agression sexuelle. Le geste du docteur est donc particulièrement choquant, et ses pratiques m'interrogent sur sa déontologie", a développé Agnès dans un courrier destiné à l'Ordre des médecins. Comme elle, d'autres patientes comparent les examens du gynécologue aux pratiques d'un "boucher".
"Le docteur m'a dit : 'Je ne vois rien, je ne sens rien, vous n'avez pas d'endométriose'. Je lui dis que ce n'est pas normal qu'il ne sente rien. Il répond : 'Je vais vous opérer si cela vous rassure, mais je vais refermer et il n'y aura rien'. J'avais l'impression d'être folle. Jamais les gynécologues que j'ai pu voir après n'ont agi comme cela", témoigne encore Lucie, 20 ans, qui aurait également fait l'objet de "plusieurs touchers vaginaux et rectaux très douloureux" durant son examen gynécologique, rapporte Franceinfo.
Le professeur et gynécologue aurait fermement nié l'existence de son endométriose, pourtant diagnostiquée et confirmée par plusieurs IRM.
Parmi les voix recueillies par le média, on trouve également celles d'étudiantes en médecine, invitées à assister aux examens médicaux du gynécologue. L'une d'entre elles affirme que l'examen médical qu'elle a pu observer a été pratiqué sans le consentement de la patiente. "Ce qui m'a paru anormal, c'est le fait de le faire sans prévenir, donc plus ou moins par surprise. Avec les étudiants avec qui j'ai pu en parler, on avait la sensation d'avoir été complices contre notre volonté. Il a fallu du temps pour se dire que peut-être que l'on a assisté à un viol, en termes légaux. Aucun de nous ne savait vraiment comment réagir".
De son côté, le gynécologue incriminé "conteste les faits" dont on l'accuse. A Franceinfo, L'Assistance publique–Hôpitaux de Paris (AP-HP) explique avoir reçu cinq signalements ayant notamment trait "au manque d'information autour d'examens pratiqués durant des consultations de gynécologie". Une enquête devrait également être initiée par la faculté de médecine de Sorbonne Université, au sein de laquelle le gynécologue enseigne.