La Semaine européenne de réduction des déchets (SERD) se tient du 17 au 25 novembre. Une opération organisée depuis dix ans par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), essentielle pour sensibiliser à l'urgence de réduire nos ordures ménagères. En effet, selon l'Ademe, un·e Français·e accumule en moyenne 354 kilos de déchets par an.
Pourtant, il existe des astuces simples pour réduire ses productions d'ordures ménagères au quotidien. Acheter en vrac, concevoir ses propres produits ménagers et cosmétiques, recycler... Ou tout simplement revoir son mode de vie en se demandant ce qu'on risque à arrêter de consommer à tout-va. Et refuser les objets inutiles et jetables du quotidien comme les pailles ou les cotons-tiges en plastique.
Alice, 38 ans, habite dans le 15e arrondissement de Paris. Depuis presque deux ans, elle vit en produisant le moins de déchets possible, tout comme son mari et la petite fille de ce dernier (8 ans), qui vit une semaine sur deux chez eux. Cette Parisienne, commissaire-priseuse de profession, nous raconte son quotidien zéro déchet en famille.
"Il y a deux ans, j'ai découvert le livre de Bea Johnson Zero Waste Home. Ça m'a intéressée donc j'ai commencé à regarder ses conférences TEDX sur Youtube. Au début, j'étais un peu sceptique, je trouvais un peu bizarre de composter ses cheveux ! Mais à force de l'écouter, je suis arrivée à la conclusion inverse et je me suis dit qu'on était fous de jeter autant.
À partir de là, en janvier 2017, je me suis lancée avec mon petit kit de tupperware. Je suis allée au supermarché, la boule au ventre à l'idée de trop jeter. Mais j'ai finalement pu faire mes courses tranquillement et j'ai modifié mes habitudes petit à petit. J'ai commencé à coudre des sacs de course en tissu, j'ai récupéré des bocaux chez mes grands-parents. Aujourd'hui, j'achète quasiment tout en vrac : dans les magasins bio, au marché.
Au départ, mon mari m'a dit 'tu fais ce que tu veux mais je ne veux pas que ça m'impacte'. Comme on vit en appartement sans balcon, j'ai opté pour le compost collectif. Il ne voulait pas y aller... mais peu à peu il a suivi. Aujourd'hui, quand il va à la boulangerie, on l'appelle "monsieur sachet" et il a toujours un totebag dans son scooter pour aller faire les courses au day by day. Je pense qu'il n'apprécierait pas de retourner à sa vie d'avant.
Ce qui a aussi beaucoup changé pour nous, c'est qu'on a arrêté d'être des gaspilleurs. Avant, on prenait ce qui nous plaisait dans les supermarchés. Mais six mois plus tard, on retrouvait une boîte au fond de notre frigo, qu'on avait complètement oubliée. Maintenant, on consomme au fur et à mesure.
J'ai également réduit notre consommation de viande et de fromage pour acheter des choses meilleures, ce que mon mari et la petite apprécient particulièrement. On privilégie beaucoup les produits maison, on cuisine en famille : des cookies, des pains au chocolat... et même du pain, quand on a le temps !
C'est la mère de ma belle-fille qui m'a conseillé de lire Bea Jonhson. La petite est donc sensibilisée dans les deux foyers. Ça a été dur au départ pour elle de se passer des crêpes industrielles pour le goûter, mais aujourd'hui, quand elle va chez ses grands-parents et qu'ils lui en achètent, elle n'aime plus trop ça. Elle a été très sensibilisée aux animaux qui meurent en mangeant du plastique. Elle a même fait un exposé sur le zéro déchet à l'école !
Quand elle rentre d'une excursion avec sa classe, elle nous dit 'ohlala, il y avait plein d'emballages plastiques pendant le pique-nique !' Maintenant, elle voit ce genre de choses. Tout comme nous. Quand je vais au supermarché, c'est compliqué car je ne vois plus que des boîtes, alors qu'avant je pensais à ce qu'il y avait à l'intérieur.
Dans notre salle de bain, nous n'avons presque que des produits solides, à l'exception de quelques tubes de dentifrice pour la petite. Je fais ma propre lessive, je me lave les cheveux au vinaigre de cidre, je fais le ménage au vinaigre blanc et au bicarbonate. On aussi banni les cotons-tiges. Pour les crèmes, c'est un peu plus mitigé. De temps en temps, je craque et je m'achète une crème bio.
L'année dernière pour Noël, on a emballé nos cadeaux dans des pochettes en tissu, qu'on avait cousues à partir d'un vieux drap. Tout le monde a participé, et était content car c'était plus facile de faire les paquets cadeaux ! On fait aussi des calendriers de l'avent, avec du chocolat acheté en vrac, ou parfois même, du saucisson.
Cette année, nous allons réitérer nos systèmes de sacs cadeaux en tissu. Quant à ma liste de cadeaux, je compte demander des choses utiles, pour remplacer des objets que j'ai cassés ou du consommable. En tout cas, moins de plastique. D'ailleurs, un cadeau n'est pas nécessairement un objet !
Bien sûr, il y a encore quelques points un peu compliqués : ma belle-fille a par exemple du mal à comprendre que, quand elle ne finit pas son assiette, elle gaspille. Et puis évidemment, il y a les jouets. Je pense que la petite n'est pas encore prête à abandonner les jouets en plastique.
Mon mari, lui, est toujours fumeur, et produit donc une quantité de déchets importante. Moi aussi, j'ai parfois des craquages. Au bureau notamment, c'est un peu compliqué, car j'ai plus le réflexe de commander mon repas à emporter.
J'ai également un problème avec mes lentilles de contact : elles sont vendues dans des boîtes en plastique et n'existent pas en vrac, mais je n'ai vraiment pas envie de m'en passer."