Parce que « 6 400 nouvelles contaminations ont eu lieu l'an dernier et [que] près de 30 000 personnes ignorent qu'elles sont porteuses du virus », Marisol Touraine a indiqué dimanche 1er décembre vouloir faire de la lutte contre le sida une priorité gouvernementale. Dans un entretien accordé au Journal du dimanche en cette Journée mondiale de la lutte contre le VIH, la ministre de la Santé a officialisé la baisse de la TVA sur les préservatifs à compter du 1er janvier 2014. « Le gouvernement veut donner un signal fort : leur prix va diminuer. Au lieu d'augmenter au 1er janvier comme cela était prévu, le taux de TVA qui leur est appliqué va baisser de 7 à 5,5% », a déclaré Marisol Touraine.
Si cette baisse de la TVA ne va diminuer que très sensiblement le prix des préservatifs, le gouvernement souhaite néanmoins que cet « effort sur le préservatif » « sécurise l'entrée de tous dans la vie sexuelle ». Marisol Touraine a d'ailleurs indiqué souhaiter « que les fabricants jouent le jeu en répercutant cette diminution. L'économie se chiffrera à dix ou vingt centimes d'euros par boîte. Cela devrait à la fois inciter les jeunes et les moins jeunes à mieux se protéger et favoriser la contraception, une autre de mes priorités ».
La ministre de la Santé a également rappelé la mise sur le marché, dès 2014, d'autotests rapides « sur le terrain, au contact du milieu gay par exemple » parce que « nous ne sommes pas tous égaux face au risque du sida. Les deux populations les plus menacées sont les homosexuels et les femmes migrantes. La meilleure solution, c'est de mener des politiques ciblées de prévention, mais aussi de dépistage. » « La procédure est bien engagée : une première entreprise désireuse de commercialiser un autotest s'est déjà fait connaître », s'est-elle félicité.
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L'annonce de la baisse de la TVA sur les préservatifs par Marisol Touraine a immédiatement été suivie des réactions des associations et du corps médical. Ainsi, si Jean-François Delfraissy, directeur de l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS) a déclaré sur Europe 1 qu'il s'agissait d'une « bonne nouvelle », le préservatif étant « la pierre angulaire de la prévention », la mesure a été accueillie plus froidement par l'association AIDES. Interrogé par 20Minutes, son président Bruno Spire n'a pas caché sa déception. « C'est purement un effet d'annonce. On ne va pas lutter contre le sida avec cette mesure seule. D'autant qu'il y a plein d'endroits où on peut avoir des préservatifs gratuits. C'est une goutte d'eau dans la mer, il reste à s'occuper de la mer. Le vrai combat, c'est de donner envie aux gens d'aller vers les soins et donc de permettre aux acteurs de terrain de faire un travail de proximité », a-t-il déclaré, avant de poursuivre : « Parler de prévention généraliste, c'est bien, mais insuffisant. Il faut des moyens pour la prévention ciblée renforcée. Notamment pour les populations les plus à risque […] Chaque année la baisse des aides de l'État aux associations se poursuit et ce n'est pas une baisse de la TVA qui va combler le manque. »
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