Sur Netflix, L'arnaqueur de Tinder relate l'histoire vraie d'un homme qui a dupé une dizaine de femmes en leur sortant la carte du jeune et beau multimilliardaire. Disponible sur la plateforme de streaming depuis le 2 février, le documentaire révèle le plan très bien ficelé de Simon Leviev, un trentenaire israélien qui vit aux dépens de l'argent de dizaines femmes.
Son plan : enchaîner les conquêtes en persuadant chacune d'entre elles qu'elle vit le grand amour. Ensuite, il simule une situation catastrophe en prétextant que des personnes malveillantes en ont après lui. Ces dizaines de femmes, sous son emprise, cèdent par amour, et lui donnent des milliers d'euros.
Le documentaire a engendré de nombreuses et fortes réactions chez les internautes. Certains blâment les victimes car, selon eux, les signaux paraissent bien trop "évidents". Mais quels sont-ils ? Et pourquoi est-il, parfois, facile de tomber dans le piège ?
Pour Laure Salmona, cofondatrice et trésorière de l'association FéministesVSCyberharcèlement, il faut commencer par s'écouter. "S'il y a comme un drapeau rouge, une petite lumière qui s'allume dans la tête, ce n'est pas un bon signe", explique-t-elle. "Il faut aussi essayer d'arrêter la conversation si la personne en face est trop insistante en demandant quelque chose ou si elle pose des questions étranges, par exemple."
Des données personnelles comme le nom de famille ou le numéro de téléphone peuvent être facilement trouvées à travers ces applications. "Il faut faire attention aux applications qui proposent de se connecter avec Instagram si votre nom de famille apparaît", prévient-elle. "Il y a aussi des informations auxquelles on pense moins, comme l'adresse de sa salle de sport, ou des endroits où l'on a ses habitudes". Et bien d'autres informations qui constituent la sphère privée.
Il faut dire que le plan de l'escroc est souvent très bien ficelé. "L'arnaqueur étudie ses victimes. Il cherche à créer des points communs et fait durer la relation, parfois, pendant des mois", raconte Olivia Mons, porte-parole de la fédération France Victimes qui vient en aide aux personnes escroquées.
Son conseil pour éviter ce genre d'escroquerie est de quitter la relation dès que de l'argent rentre en jeu. "La construction d'une relation amoureuse ne se fait pas autour de l'argent. Il faut se méfier de ces questions et ne pas envoyer de chèques. Il faut s'ancrer et ancrer l'autre dans la réalité et non sur le cadeau matériel", explique-t-elle.
"Comment ont-elles pu se laisser faire ?", "Ces filles sont bêtes", "Elles sont cupides et naïves" sont, pour Laure Salmona, autant de phrases assassines ou du "victim shaming" qui murent les victimes dans le silence. Sur Twitter, Netflix a même dû adresser un message mettant en avant la position de "victimes d'une escroquerie" des femmes du documentaire : "Suite à certaines réactions lues ici : les femmes du docu L'arnaqueur de Tinder sont victimes d'une escroquerie et en aucun cas fautives. La 'crédulité' dont elles ont pu faire preuve selon certains, s'est inscrite dans un processus de manipulation. On leur souhaite du courage."
À la suite de ce type d'escroquerie, la honte peut facilement s'installer et isoler les victimes. "Il est alors plus dur de sortir du continuum de l'escroquerie et du harcèlement", explique-t-elle. Les personnes seules, parfois fragiles, vont se laisser manipuler dans un scénario qui paraît, de l'extérieur, rocambolesque.